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repoussant ! Comment Fidé pouvait-il les trouver beaux avec leurs longues barbes pareilles à celles des boucs, leurs yeux renversés, leur face livide, leurs cheveux comme des crins, leurs habits ridicules ? Ils étaient à peine civilisés, avaient toutes sortes de superstitions absurdes ; ils mangeaient leurs dieux, craignaient la chair certains jours et adoraient des bois croisés !

Pour toute réponse, Fidé montra la signature du mikado au bas d’une autorisation de départ, et annonça qu’il quitterait Mionoska le soir même. Alors, Taïko-Naga, tout d’un coup, cessa de lutter. Il regarda longuement, d’un air morne, cette simple signature qu’il était habitué à respecter et qui lui prenait son enfant pour l’envoyer si loin, dans un pays d’où l’on ne revient peut-être jamais.

Sentant les larmes monter à ses yeux, le vieux samouraï se redressa honteux et farouche :

— Pars donc, dit-il, puisque tu préfères les séductions de l’Occident à l’affection de ton père et aux joies tranquilles de notre vie. J’aurais dû prévoir tout cela lorsque je t’ai envoyé à Yedo… Au moins, je veux te donner les moyens de représenter dignement, chez les todjins, l’héritier des samouraïs de Mionoska… Je t’accompagnerai jusqu’à la mer… Puisses-tu revenir assez tôt pour recevoir mes derniers adieux…

Le soir même, deux norimons portant le vieil-