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résolutions avec toute l’ardeur des désirs accumulés dans son esprit pendant son séjour à Yedo. Et, triste à la pensée du chagrin qu’il allait causer au vieillard, il se disait cependant qu’il fallait parler et repartir, car le temps pressait. Un soir donc, en prenant du thé et fumant avec son père, brusquement, rapidement, il lui avoua tout. Taïko-Naga ne comprit pas, d’abord. Puis, sentant à l’air de Fidé que ses projets étaient sérieux, il entra dans une colère terrible. Pâle, debout, retrouvant ses forces dans l’excitation de la haine, il cria, menaça, s’accusant lui-même d’avoir laissé partir son fils pour Yedo, où ces idées étranges lui étaient venues, maudissant les todjins funestes qui, par leurs peintures et leurs promesses ; voulaient lui enlever son enfant.

Silencieux et résolu, Fidé laissait passer l’orage. Le vieillard se sauva, craignant sa propre colère.

Le lendemain, après une nuit d’insomnies et de tristes réflexions, l’abattement avait succédé à la fureur. Taïko-Naga essaya encore, par tous les arguments qu’il put trouver, de dissuader son fils. Il lui faisait le plus noir tableau des défauts qu’il connaissait aux todjins et de ceux qu’il leur supposait. L’Europe était un pays sauvage où régnaient des maladies pernicieuses, où les hommes étaient vicieux et cruels. Ah ! maudit devait être celui qui avait ouvert les portes de l’antique Japon à ces barbares, dont le seul aspect était