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quement, changea de conversation, questionna le prince sur le Japon. Il lui conta alors sa jeunesse, son dégoût des mœurs natales, son violent désir de partir pour l’Europe civilisée. Puis, insensiblement, leur causerie prit une tournure confidentielle ; il répéta l’une de ses discussions avec Valterre, blâmant la légèreté et l’inconstance du vicomte, disant au contraire, de quelle façon immuable, absorbante, il comprenait l’amour. Il s’animait, élevait la voix et Solange, rougissante de cette demi-complicité était obligée de lui rappeler qu’on pouvait l’entendre. La fougue de sa passion le transfigurait, lui donnait une éloquence sauvage, une beauté particulière qui frappaient vivement Mlle de Maubourg. Pourtant elle ne l’encouragea pas. Du reste, il ne demeura guère auprès d’elle. Dès que le repas fut, terminé, Mme d’Hautfort accapara le prince dans un coin du salon et engagea avec lui un dialogue, où l’exaltation de son esprit lui permit de briller. La baronne, malgré sa réputation de rigoureuse vertu, était encore d’une beauté très désirable et ses prévenances pour Fidé faisaient bien des jaloux. Lorsqu’il prit enfin congé, elle l’accompagna un instant et, baissant un peu la voix, le pria de revenir le jeudi suivant. On serait moins envahi, réunion tout à fait intime…

Ce jeudi, quand le prince se présenta chez