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avec lesquels il berçait sa mélancolie. Vainement il s’efforçait d’analyser ces sensations nouvelles, cet attachement subit et intense où les désirs ne tenaient qu’une place infime, tandis qu’ils avaient été jusqu’alors, plus ou moins déguisés, raffinés, le mobile de toutes ses passions. Parfois même, de telles idées lui semblaient une offense pour la pâle et chaste vision qu’il adorait et il éprouvait une joie d’enfant à connaître ces nuances de sentiments, jadis lues avec incrédulité dans les livres d’Occident.

Il n’allait plus au cercle. Il vivait chez lui, isolé parmi ses rêves, imaginant en son esprit inventif, des aventures où il accomplissait pour Solange des vaillances extraordinaires. Il parcourait les endroits où il s’attendait à rencontrer la jeune fille et souvent, le soir, passait devant la vaste porte de l’hôtel, désespérément close, avec l’espoir toujours déçu d’apercevoir la chère aimée.

Ainsi, il la revit au dîner de la baronne d’Hautfort où, par une coïncidence étrange, elle se trouva placée auprès de lui. Il fut comme gêné de cette complaisance du hasard. Solange voyant son humilité triste, lui parla la première, et ils causèrent de choses indifférentes. Mais leur secret était prêt à prendre son vol entre chaque phrase. Fidé, enhardi, supplia la jeune fille de lui pardonner son aveu. Elle y consentit et, brus-