Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/25

Cette page a été validée par deux contributeurs.
16
hara-kiri

lantes, des rochers superposés au centre d’une fusion d’argent. Il dégringolait les degrés des rues escarpées, trouvant lente la marche des porteurs. Enfin, il revoyait le siro des Taïkos et, devant, un bâton à la main, bien vieilli, bien cassé, le père, qui s’avançait à grands pas, de ses jambes devenues débiles, le cœur palpitant et les yeux troubles.

Dans la joie des embrassements, le vieillard oubliait de remarquer les vêtements de Fidé qui portaient la marque abhorrée de la façon étrangère. Jamais Taïko-Naga ne s’était senti aussi ému. Pourtant, l’enfant avait déjà fait de longues absences autrefois, lorsqu’il étudiait à Kioto. Mais, alors, le samouraï était plus jeune ; d’autres soucis hantaient son esprit. Aujourd’hui, confiné par sa volonté dans son siro de Mionoska, déjà âgé et de jour en jour vieillissant, il avait mis tous ses espoirs sur la tête de son fils. Il en faisait l’objet unique de ses pensées.

Lorsqu’un bon repas et un long sommeil eurent remis Fidé des fatigues du voyage, Taïko-Naga le promena dans ses terres et prit plaisir à lui montrer ses troupeaux de poissons, ses jardins, ses rizières, ses bois de bambous, toutes choses dont il serait bientôt le propriétaire. Il espérait ainsi intéresser son fils à la culture des terres et le décider à demeurer à Mionoska. Mais Fidé, tout en reculant le moment des aveux, persistait dans ses