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hara-kiri

— Maintenant, oui, j’irai… Aurai-je le bonheur de danser encore avec vous ?

— Vous exagérez, dit Solange en riant nerveusement… Mais pourquoi me demandez-vous cela ?

L’orchestre entamait les mesures finales. C’était la dernière danse annoncée. Une atroce douleur serra le cœur de Fidé. Il allait partir…

— Pourquoi ? répéta-t-il. Pardonnez-moi, mademoiselle, ce que je vais dire… je suis bien sauvage, mais bien sincère… parce que je vous aime !…

Elle lui lança un regard étonné, indécis.

— Si vous ne venez point chez la baronne, continua le prince, je penserai que vous me défendez d’espérer…

Puis, s’inclinant, il se tourna vers la duchesse qui s’approchait et prit congé d’elle en lui adressant de vifs remerciements. À la porte du salon, il fut rejoint par le vicomte de Valterre. Comme le matin, celui-ci avait le visage souriant. Il ouvrit un mince papier triangulaire fermé avec une faveur bleue, qu’il tenait caché dans sa main, le lut et le plaça dans un portefeuille en écaille, un joli bijou réservé à cet usage.

— Décidément, il n’y a que les femmes du monde, dit-il en forme de conclusion intérieure.

Fidé, violemment ému, lui mit la main sur le bras.