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rement ornés qui lui donnaient un aspect moyen-âge, avait perdu son caractère de gravité antique. Les sièges conservés autour du foyer et dispersés selon la fantaisie de chacun, ne parvenaient pas à remplir le vide ménagé pour la danse. C’était la salle de conversation d’un grand hôtel, ce n’était pas le cadre d’une réunion intime.

Après quelques manœuvres savantes, le vicomte, se débarrassant du jeune Gontran qui recherchait son amitié pour se lancer, s’approcha de la comtesse de Barrol. Dès son entrée, il avait échangé avec elle un sourire et maintenant ils causaient à mi-voix, éclatant par instants en de petits rires, tandis que la vicomtesse de Lunel, dans un groupe entre l’ambassadeur, les deux filles de la duchesse et le prince, les surveillait, fronçant rageusement ses beaux sourcils noirs. Les conversations s’animaient un peu. Gontran, dépité de l’inattention de Valterre, taquinait Irma d’Alseperaut, à laquelle on le fiançait depuis longtemps. L’ambassadeur, ayant disserté d’un ton prud’hommesque sur les inconvénients et agréments des pays chauds, questionnait le prince, parlait de l’Orient, statistiquait les différences de mœurs et d’usages. Tout à coup la vicomtesse de Lunel qui, depuis un instant, tapotait avec impatience le bout de sa mignonne bottine contre le parquet, interpella Mme de Barrol.