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— Non, mais c’est éminemment moralisateur.

— Vous croyez ? reprit Fidé. À quoi cela sert-il ?

— Parbleu, mon bon, vous avez de la chance que Mme Trognon ne vous entende point. À quoi cela sert ? Mais, d’abord, à produire de l’argent pour l’Œuvre des Banlieues, une œuvre excellente, destinée, comme dit Partisane, à endiguer le flot révolutionnaire, à répandre les principes religieux dans les masses, dans le peuple.

— Comment est-ce donc organisé ?

— L’Œuvre ?

— Oui.

— Eh bien ! il y a d’abord les dames patronnesses… puis, les membres souscripteurs, puis les membres actifs. On recrute dans les faubourgs des jeunes filles qu’on réunit le soir, auxquelles on apprend à coudre pieusement et à jouer des comédies édifiantes, comme celle-ci, ce qui les empêche de mal tourner… ou du moins recule l’heure où elles vont rejoindre leurs amants… Il y a des cercles pareils pour les hommes. Ça soutient la religion et ça occupe les dames patronnesses… Par exemple, ajouta le vicomte, avec un air piteux, ça ne serait pas drôle pour les pauvres gens qui assistent à ces réunions vertueuses, s’ils n’avaient, comme moi, de charmantes voisines auxquelles ils peuvent dire des tas de choses aimables…