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leine, renversant les chaises, brisant les potiches. C’était un steeple-chase inénarrable… Le duc commençait à craindre que le vacarme de cette poursuite n’attirât quelqu’un. Il s’arrêta. Juste à ce moment, la jeune duchesse avait remarqué un meuble de Boule assez élevé. Approchant un guéridon, elle s’en servit comme d’escabeau, et, légère, s’élança sur le meuble, où elle se tapit dans le coin le plus reculé. Pour le coup, M. de Maubourg, essoufflé, craignant d’ailleurs un accident, s’arrêta. La nuit de noces se passa ainsi. Il fallut, le lendemain, l’intervention de Mme d’Arvaroy pour décider la nouvelle mariée à remplir ses devoirs d’épouse. On eut grand’peine à lui faire comprendre que la conduite de M. de Maubourg était toute naturelle… Le duc ayant conté sous le sceau du secret cette amusante aventure à un de ses intimes, bientôt tout Paris connut l’anecdote. On vint en procession voir le petit phénomène. La partie féminine, sous prétexte de visiter l’aménagement, cherchait curieusement le meuble de Boule, on lançait des allusions d’allure très innocente qui, pourtant, faisaient rougir la petite duchesse… N’est-ce pas crevant ? Aujourd’hui, l’anecdote est oubliée…

— Je crois, du reste, interrompit Valterre, qu’il y a là-dedans beaucoup d’exagération… En tout cas, Mme de Maubourg a rattrapé le temps perdu… Elle a eu cinq enfants… Je crois bien que ses deux