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tale, avec ses soumissions bestiales, sa passivité dépourvue, du moins, d’hypocrisie !… Puis, malgré lui, il songeait aux charmes de Juliette Saurel, à son beau corps de statue qu’il tenait dans ses bras la veille, au moment où Valterre était survenu. Il se la représentait, demi-nue dans son grand lit, laissant entrevoir les trésors de ses chairs satinées. Des désirs fougueux le prenaient et secouaient fébrilement tout son être.

Ainsi, des hommes l’auraient possédée, auxquels elle semblait une femme comme les autres, et lui qui la chérissait par dessus tout, lui qui l’aimait véritablement, il était le seul à qui elle ne se serait point donnée.

Des sanglots, à grand’peine réprimés, lui montaient à la gorge. Des rages folles, pendant lesquelles ses dents s’entrechoquaient, le prenaient quand il songeait à cette scène dernière, au vieillard, souillant de sa passion sénile le lit de cette femme étrange…

Il marchait avec une impatience fiévreuse, machinale, suivant par habitude le chemin qui menait à son appartement du boulevard. Il fut surpris, en rentrant chez lui, de trouver son salon éclairé. Le domestique, qui était venu lui ouvrir, dit d’un air embarrassé :

— Madame Cora attend monsieur.

Le prince fronça le sourcil. C’était bien Cora, en effet.