Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/194

Cette page a été validée par deux contributeurs.
185
hara-kiri

dant la porte s’ouvrir, il eut peur et se dressa sur son séant pour se défendre. Il était très ridicule ainsi, cramoisi de fureur, dardant sur le prince immobile des regards féroces, tandis que les deux pointes de son foulard de nuit se dressaient vers le plafond, projetant contre le mur de l’alcôve des ombres chinoises ironiques. Il avait éprouvé une grande frayeur, mais il se rassurait en voyant que l’intrus ne bougeait pas.

— Que signifie, monsieur ? interrogea-t-il.

Taïko-Fidé parut se réveiller d’un songe pénible et balbutia quelques mots incompréhensibles, hébétés.

Du doigt, il montrait Juliette Saurel, rouge de honte et de colère, magnifique avec sa longue chevelure soyeuse se détachant sur la blancheur des draps, et les rondeurs roses de sa chair entrevues dans l’entrebâillement des dentelles.

À cause de la beauté même de la jeune femme, il sentait plus vivement l’offense, et sa rage s’augmentait de son admiration pour cette créature qui se jouait de lui. Il éprouvait des tentations horribles, persistantes de la prendre, de la posséder et de la tuer ensuite.

Quoique Levrault lui eut le matin même mystérieusement affirmé que Fidé blessé, laissé en Belgique, ne pourrait revenir que le lendemain, dès la première minute, Juliette avait compris que