Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/193

Cette page a été validée par deux contributeurs.
184
hara-kiri

pas insisté. Mais il avait beaucoup bu, et, dans sa tête, par-dessus les émotions de la matinée et les libations de l’après-diner, persistait le désir violent, follement intense de revoir sa maîtresse, de lui parler de son amour. En même temps, la jalousie commençait à poindre dans son cœur. Justement un bruit de voix s’entendait derrière la portière.

— Tu vois bien, s’écria le prince, que tu mens et que ta maîtresse est ici… Tu ne veux pas que je l’attende ?… Eh bien, je vais lui parler tout de suite !

Et, d’un mouvement violent, écartant la jeune fille, il ouvrit la porte du salon, le traversa et pénétra dans la chambre à coucher. Mais là, il poussa un cri terrible d’indignation et de colère, et s’arrêta, comme si la foudre fût tombée devant lui. D’une main, il s’appuya sur la cheminée : Dans le grand lit doré enrichi de peintures, éclairés par les bougies roses d’un candélabre, que reflétait la glace de Venise du fond, reposaient côte à côte Juliette Saurel et monsieur Gibard, notable commerçant. Il n’était, du reste, pas content du tout, le petit père Gibard. Il détestait le bruit et n’aimait pas être dérangé dans les parties fines qu’il s’offrait. Réveillé par la dispute de Lisette et du prince, il crut d’abord à quelque discussion d’office. — C’est alors qu’il avait manifesté à haute voix son mécontentement à Juliette. — Puis, enten-