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peine, risquant sa vie pour toucher son adversaire.

De son côté, Estourbiac était gagné par la furieuse ivresse des duels. Il éprouvait une sorte d’indignation contre ce barbare qui paraissait avoir soif de son sang et s’acharnait à le tuer. Sentant son bras se fatiguer, il voulait en finir et jouait serré oubliant ses calculs et se battant sérieusement, pour blesser. Sans Valterre, qui, à chaque instant, les obligeait à reprendre leurs distances, ils se fussent enferrés.

Tout à coup. Taïko-Fidé, dans un coup droit brusque, découvrit sa poitrine. Le journaliste, sans réflexion, avec une rapidité instinctive, se fendit à fond. Mais sa main fatiguée conduisait mal son arme ; sans que le coup eût été paré, il passa par côté, à deux centimètres du corps. En même temps, le Japonais, allongeant le bras, transperçait obliquement le biceps de son adversaire. Le combat était terminé. Une imprudence heureuse rendait le prince vainqueur.

On se précipita vers le blessé. Le chirurgien déclara que la lésion, sans être dangereuse, était grave et requit la voiture pour emmener Estourbiac. Boumol, qui ne perdait jamais la tête, s’écria :

— Maintenant, donnez-vous la main.

Mais le prince se détourna, sans répondre, et Estourbiac eut une crispation de rage.