Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/18

Cette page a été validée par deux contributeurs.
9
hara-kiri

Le todjin le remarqua, s’avança et lui adressa la parole dans une langue inconnue.

Fidé indiqua qu’il ne comprenait pas. Alors, toujours souriant, dans un mauvais japonais mêlé de mots barbares, l’officier entama la conversation. Puis, l’exercice étant terminé, il laissa le commandement à un subalterne et offrit au jeune homme de lui servir de guide. Fidé accepta.

Quelques jours après, le fils de Taïko-Naga avait commencé ses études de droit avec les deux professeurs français mandés récemment par le mikado ; mais d’abord, il fallait apprendre leur langue, et c’est à quoi Fidé s’appliquait. La fréquentation de l’officier, avec lequel il était demeuré en relations, lui devint fort utile. Bientôt, ce fut une amitié véritable. Le todjin était un ancien sergent français, venu comme instructeur. Il se faisait appeler monsieur de Durand et à chaque occasion répétait son nom avec fierté, donnant des détails sur la vieille noblesse européenne. À la légation, on l’appelait simplement monsieur Durand. Il était jeune et aimait à s’amuser.

Dans la société agréable du Français, Taïko-Fidé délaissa peu à peu les cours. Il fréquenta les tcha-jia où l’on buvait le thé dans les fines tasses de porcelaine ornementée, en fumant et regardant en face les jolies femmes, facilement amoureuses du beau todjin et de son ami. Ensemble,