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Malgré la gravité de sa mission, le vicomte eut peine à retenir un sourire à la vue de ces deux étranges témoins : Boumol — dont le prince lui avait parlé jadis — avec son sans-gêne, sa démarche et son accoutrement fantaisistes ; Levrault, très jeune, très pincé, s’efforçant de se donner une dignité extraordinaire, ayant l’air d’un collégien qui va pour la première fois dans le monde.

Néanmoins, avec son aisance aristocratique, il leur répondit : Il les priait de vouloir bien l’excuser de les recevoir seul ; M. Sosthène Poix, le second témoin, lui avait, du reste, délégué provisoirement tous pouvoirs.

— Oh ! ça ne fait rien, interrompit Boumol. Vous savez, les formalités.

… M. Taïko-Fidé accordait à M. Estourbiac la qualité d’offensé et lui laissait, par conséquent, le choix des armes… Il exigeait seulement que le duel fût sérieux.

— Levrault, outré de l’inconvenance de son compagnon, qui se balançait tranquillement sur son fauteuil, pinçait de plus en plus les lèvres et se sentait très mal à son aise. Il prit la parole et proposa le duel au pistolet, à vingt-cinq pas, le tir au commandement.

— Je croyais vous avoir dit que M. Taïko-Fidé voulait une rencontre sérieuse, reprit Valterre. Malgré tout mon désir de voir se terminer sans