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Dinah Samuel fut charmante, surtout pour le prince. Elle lui demanda son avis sur l’Exposition. Il s’excusa en quelques mots, se déclarant incompétent, sans dérider son visage toujours sombre. Puis Valterre, ne voulant pas se mêler au cortège des flatteurs, s’éloigna.

Dès qu’ils furent partis, l’actrice se pencha vers son voisin, un peintre de haute taille, très connu, très à la mode, et lui dit à l’oreille :

— Il n’est pas aimable, ce Chinois-là.

Les trois amis remontèrent aux salles de peinture. Par endroits, les gens étaient assemblés devant des toiles signées de noms célèbres ou représentant des sujets particulièrement dramatiques. Il y avait un peu moins de foule. On commençait à partir. Ils cherchèrent le portrait du prince. Tout à coup, Sosthène Poix l’aperçut à côté d’une bouquetière de Dillon, sur la cimaise, dans la salle du fond. Manieri s’étant inspiré des artistes japonais, avait obtenu une finesse de touche extrême, une richesse de nuances qui attiraient l’attention, au milieu des peintures noircies de l’école française.

Avant que le journaliste pût dire un mot, ils étaient entrés.

Devant la toile de Manieri, un cercle de gens bien mis riaient, se montrant le portrait. Tous. tenaient à la main le numéro du Rabelais. Le prince pâlit de colère. Valterre voulut l’entraîner.