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nant, ils nous ont appris à tuer davantage, sans bravoure. Enfin, nous avons une religion simple, qui ne nous passionne pas : ils veulent nous diviser avec la leur qui est compliquée et immorale.

Fidé, la tête baissée, pensait aux merveilles qu’on lui avait contées de la ville impériale et n’écoutait pas. Il monta dans son norimon, et les quatre porteurs partirent au trot.

Il semblait à Taïko-Naga que son fils était perdu et que quelque chose se déchirait en lui. Les larmes aux yeux, il suivit machinalement, pour rentrer, les bords de la rivière, sans s’arrêter, comme il avait coutume de le faire, devant le sillage argenté que, décrivaient, aux appels du gardien, ses carpes apprivoisées.

Rentré chez lui, il se laissa tomber sur sa natte et ses yeux hébétés regardèrent fixement les branches fleuries des poiriers dans leurs vases, les émaux cloisonnés et les porcelaines de Nagoya reproduisant en décors bleus la silhouette aimée du vieux Fousi-Yama. Mais sa pensée était ailleurs. Elle suivait, dans le vague des impressions tristes, l’enfant des samouraïs, balancé là-bas, sur la route de Yedo, par le trot régulier des porteurs et s’apprêtant à se jeter dans l’avant-garde de cette civilisation européenne que le vieux Taïko-Naga craignait à l’égal de la peste.

En entrant à Yedo, Fidé fut pénétré d’admi-