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sûr de son affaire. La folle idée de Cora ne durerait pas dans cette cervelle évaporée et, en demeurant son ami, il saurait profiter de sa première faiblesse. Comme il n’était pas de taille à lui donner des voitures, un jour ou l’autre, elle serait la maîtresse de Perrinet, le rédacteur en chef du Tout-Paris. Par elle, il pourrait arriver au but tant désiré. Seulement, il s’agissait de devenir amant auparavant et surtout de ne pas se laisser devancer. Mais, voilà le diable, cette petite tête de linotte s’ancrait dans sa pensée de vengeance, elle ne démordait pas de son ultimatum. Trois jours après, Estourbiac songeait encore à cet entêtement maudit, en allant parler à Manieri du Salon, qui s’ouvrait le lendemain.

— Qu’est-ce que tu as cette année, toi ? demanda-t-il. Il y a un temps infini que je ne suis pas venu te voir.

— Oh ! je n’ai qu’un portrait… grandeur nature… Tu serais même très aimable d’en faire mettre un mot dans le Rabelais.

— Je veux bien. Seulement, on t’éreintera… Tu sais, le directeur n’aime pas ta peinture.

— Ça m’est égal, pourvu qu’on en parle…

— Qu’est-ce que c’est, ce portrait ?

— C’est celui du prince Ko-Ko ; tu sais bien, l’amant de Cora, ce Chinois…