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lustré par une longue suite de samouraïs célèbres ! Et ses idées changeant, il se remémorait l’histoire de ses ancêtres. Tant avaient été tués dans les guerres contre les Chinois, tant avaient succombé dans des luttes intestines, tant avaient fait hara-kiri et s’étaient ouvert le ventre avec honneur !

Ces glorieux souvenirs l’exaltaient et lui donnaient du courage. Fidé ne mentirait pas au sang de tant de héros.

Donc, Fidé partit pour apprendre le droit à Yedo. Taïko-Naga l’accompagna jusqu’à l’extrémité du verger. Tout en marchant lentement par les sentiers ombragés, il donnait, d’une voix tremblante d’émotion, des conseils à l’être cher, partant pour ce voyage qui l’effrayait. Il lui rappelait les traditions d’honneur de sa famille, lui recommandait d’obéir aux grands daïmios et au mikado, et surtout de se défier des todjins.

— Va, mon fils, disait-il, étudie avec ces hommes, puisque tu crois leur science utile, mais ne profite de leurs leçons que pour servir le Japon et les mieux combattre. Car ils sont le fléau de notre pays. Auparavant, nous étions riches, et leurs vols nous ont appauvris. Les samouraïs étaient sobres et ils leur ont appris à s’enivrer de saki. Nous nous battions quelquefois, mais rarement les blessures étaient graves, et c’était toujours le plus brave qui l’emportait. Mainte-