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nez pincé — ses yeux bleus et sa blague méridionale. Huit jours après, improvisé reporter, il disait : « Mon cher » aux trois quarts des journalistes de Paris et colportait des informations politiques d’un parti à l’autre, de l’Ordre à la République, avec un remarquable éclectisme. Du reste, il ne posait pas pour les convictions, ni en morale, ni en politique, admirant la vieille maxime : L’argent n’a pas d’odeur. Mais son ambition ne se bornait pas à vouloir faire du reportage anonyme, besogne dure et peu rétribuée. Il visait au grand journalisme. Afin de parvenir à son but, il s’était tracé une ligne de conduite dans laquelle la manière d’écrire tenait fort peu de place, et les relations, énormément. Il fréquentait la plupart des cercles de Paris ; et, malgré ses très maigres ressources, trouvait toujours moyen d’être vêtu à la dernière mode et de diner souvent aux bons endroits, parfois avec des actrices connues. Il avait inventé pour cela des procédés à lui, dont le journal faisait tous les frais. Ainsi, il parvint assez rapidement à entrer avec des appointements fixes au Rabelais. Il écrivait là des articles de grand reportage sur les fêtes et les cancans de la bonne société. Pourtant, il ne gagnait point encore ce qu’il aurait voulu. Le Rabelais, journal très bien posé, d’ailleurs, n’était pas extrêmement riche. Depuis longtemps Estourbiac ambitionnait d’en-