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Juliette s’était calmée. Pensive, elle le laissait parler, paraissant s’attendrir. Tout à coup elle éclata en sanglots et se plaça debout devant lui :

— Écoute, dit-elle, tu es le premier qui m’ait parlé ainsi… Tes paroles me troublent..… J’ai eu des amants et j’ai cru les aimer… Mais aujourd’hui !… C’est une vie terrible… L’existence se passe entre le désir, le mépris et l’indifférence… Je t’aime peut-être…

Il voulut lui prendre les mains.

— Laisse, dit-elle, ils les embrassent, eux !…

Elle était magnifique dans ce mouvement de délicate pudeur. Après un moment de silence, elle reprit :

— Tu es bon, délicat… Je t’aime peut-être… oui… Je n’aurai pas d’amant, mais tu ne seras pas non plus le mien… J’aurais trop peur de flétrir ce sentiment… Si ça devenait comme les autres, ce serait à se tuer.


Puis lui serrant la main, le regardant fixement, elle ajouta avec véhémence :

— Dis, m’aimes-tu réellement ? Te sens-tu la force de m’aimer sans que je sois ta maîtresse ?… Essaie… Alors je te croirai. Pars et reviens me voir… Tu me connaitras mieux…

Éperdu, fasciné, il protestait de la pureté de son amour. Une oppression délicieuse lui serrait le cœur. Oh ! oui, il l’aimait… Il était prêt à tout