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c’est trop, à la fin. Vous vous êtes mépris, mon bon. Je ne suis pas à vendre. Je n’appartiens à personne et ne serai point à vous davantage…

Le prince, fou d’amour, se traînait à ses pieds, protestant de la sincérité de son affection, de la grandeur de sa passion. Il l’aimait plus que tout au monde. Si elle voulait, il lui sacrifierait tout et ils seraient l’un à l’autre…

— Tout ça, ce sont des mots, mon cher. Si vous désirez me prouver votre amour, partez. Vous me reverrez demain…

Mais il ne pouvait se décider à la quitter. En parlant elle avait enlevé nerveusement une épingle de sa coiffure et ses longs cheveux châtains étaient tombés en cascades sur ses épaules. À chaque mouvement ils ondulaient, merveilleusement attirants. Oh ! qu’il la trouvait belle, la charmeresse ! Maintenant il lui parlait doucement, sur un ton de prière attendrie. Il sentait bien qu’il lui appartenait pour toujours. Dès le premier instant qu’il l’avait vue, il l’avait aimée. Oh ! elle pouvait se rassurer ; il ferait tout ce qu’elle voudrait. Elle avait bien tort de penser qu’il pût la mépriser, la prendre pour une femme comme Cora ou Léa. Il l’adorait et la respectait. Dans un instant il allait partir. Seulement il voulait la voir encore un peu, lui parler, se faire pardonner sa demande de tout à l’heure. Il l’aimait tant !