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prétexte de cautionnement à déposer. Par malheur, à vivre dans les brasseries et à Bullier, à faire la noce, à payer des diners aux amis, le magot fut vite épuisé. Alors on traversa une période difficile. Houdart, habitué pour sa part à ces coups du sort, en prenait philosophiquement son parti et inventait des expédients invraisemblables pour déjeuner. Juliette Saurel regretta alors quelquefois le breuvage des institutrices qui, du moins, était de l’eau rougie. Cependant elle ne se décidait pas à abandonner son poète dont la fantaisie l’amusait et pour lequel elle se sentait une véritable passion. Afin de gagner ses repas, elle se fit bonne de brasserie et servit des bocks, avec son allure hautaine, ses lèvres dédaigneuses, méritant plus que jamais son surnom de Duchesse.

Enfin, elle se lassa de la vie de bohème, et, tout en conservant au fond une certaine tendresse pour Houdart ; elle accepta les propositions d’un jeune gommeux sortant du pensionnat des Jésuites, qui se lançait et qui était devenu éperdument amoureux d’elle dans la brasserie où il se grisait journellement. Elle retourna sur la rive droite. Deux ou trois fois, à sa prière, Houdart vint encore lui rendre visite, puis il trouva que c’était un trop long voyage et elle ne le vit plus. Peu à peu, elle-même l’oublia, dans l’entraînement : de cette vie de plaisirs continuels qui reprenait avec un charme nouveau. L’élève des Jésuites était