Page:Alis - Hara-Kiri, 1882.pdf/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.
102
hara-kiri

taient au milieu de l’éclat rutilant des cuivres et de la masse noire des fourneaux qu’incendiait, par plaques circulaires, la rouge lueur des brasiers.

Le sommelier fit enfin son entrée avec une charge de bouteilles, casquées d’or comme un escadron de carabiniers. Une exclamation joyeuse marqua son entrée.

— Je salue des choses respectables, dit gravement Manieri.

Cora prit une bouteille :

— Ça me connaît ! s’écria-t-elle.

Elle frappa un coup sec, le goulot doré sauta et les verres s’emplirent. On circulait pêle-mêle autour des tables, avec cette sorte d’attendrissement gourmand qui précède un bon diner. Les femmes, curieusement, examinaient les noms inscrits sur les glaces avec un diamant, les doubles verrous des portes et la petite entrée donnant sur un escalier dérobé. Assis devant le piano, un vieil instrument plein d’expérience, à l’épreuve des bouteilles de champagne versées sur les cordes par des soupeurs ivres, Otto Wiener jouait l’air des couplets de la Petite Mademoiselle.

Cora leva son verre et chanta :

Notre patron, homme estimable,
Voyant l’état où s’trouve Paris,
Veut qu’un’diminution notable
Soit faite aujourd’hui dans ses prix.