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Sur la chaussée, au milieu d’un bruit continue de roues, de hennissements de chevaux, de claquements de portières brusquement fermées, les voitures se croisaient, s’enchevêtraient, se barraient la route, tandis que les cochers s’engueulaient, et que des gamins, avec des lanterne vénitiennes sur leurs chapeaux, blaguaient le bourgeois endimanchés. Les théâtres se vidaient Sur les marches, des femmes, la tête encapuchonnée de la blancheur mate des dentelles, enveloppée dans leurs sorties de bal légères, attendaient leurs équipages et formaient tout un châtoiement de couleurs et tout un scintillement de diamants et de pierreries. Les cafés regorgeaient de jeunes gens en habit noir, entrant, sortant, s’égarant et s’appelant.

Au coin du boulevard, près de la place de l’Opéra, dans la cohue, semblable à une muraille de chair humaine, les mots et les saillies rebondissaient comme des balles, les rires cascadaient et, dans le tumulte, on entendait les petits cris d’effroi des femmes costumées que des calicots grivois bousculaient et prenaient par la taille. Il y avait là comme un diapason de folie donné par l’orchestre du bal, dont les sons cuivrés arrivaient en bouffées, des portes entr’ouvertes. La foule s’agitait, ondulait, débordant du trottoir, contenue avec peine par un cordon de gardiens de la paix.

Au milieu de la place où, sous le feu cru de