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CYBÈLE

du pays de cet étranger d’embrasser ainsi les gens, mode qui après tout avait du bon et l’offensait d’autant moins qu’en femme qui entend la langue universelle du sentiment, elle s’était sentie aussitôt touchée rendant sympathie pour sympathie. Quant aux explications elles furent courtes, vu l’impossibilité d’échanger la moindre conversation autrement que dans la langue des signes.

— C’est égal, quel singulier jeune homme ! se disait la bonne gouvernante en laissant seul le nouvel hôte de la maison.

Ce ne fut pas sans une certaine volupté que Marius délassa ses membres endoloris dans un bain tiède et réparateur ; après quoi il revêtit, non sans quelques tâtonnements préliminaires, le vêtement ample et majestueux des habitants de sa nouvelle patrie. L’ensemble du costume rappelait assez les modes orientales. Si la robe était persanne, la coiffure ressemblait beaucoup à ce large disque qui protège et orne si gracieusement la tête des Indiens ; mais quand il se vit ainsi changé en toute sa personne dont la glace lui renvoyait une image qui semblait être tout autre que la sienne, il ne put s’empêcher de se sourire : Jamais, dit-il, je n’oserais me montrer comme cela en pleine Canebière.

Là-dessus, Alcor rentrait et s’asseyait sur un