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CYBÈLE

prendre les principaux traits de l’histoire de cet Alger qui est devant nous et qui nous recevra dans quelques instants.

Vous avez été témoin, reprit Alcor, d’un joli commencement de prospérité pour la plus belle des conquêtes réalisées par les armes françaises. Alger promettait déjà beaucoup de votre temps, et il a tenu, comme vous le voyez, plus qu’il ne promettait. Ce n’est pas pourtant que ses heureux débuts n’aient eu leurs traverses et qu’une prospérité si bien commencée ne fût même compromise par le moins prévu des accaparements. La France de 89 avait prétendu changer les éternels destins d’Ahasvérus, en retour de quoi ce ne fut pas la faute d’Ahasvérus s’il ne réussit pas à mettre la France bénévole tout entière dans sa poche. De même, il arriva qu’en une heure de désastre national, il put être donné à un digne fils d’Israël et de Thémis d’introduire d’un trait de plume dans la famille française tous ses cousins d’Algérie, au seul contentement des gratteurs de papier timbré. Aussi ne vit-on plus partout que juifs coquinant et hommes noirs chicanant. Jamais enfant ne fit si bien et du même coup la joie de son père et de sa mère. Ah ! ce ne fut pas long. Pour qui avait lutté et saigné la France sur cette terre africaine durant tout un demi-siècle ? Pour Juda. Pour qui le colon suait-il