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CYBÈLE

Marius, lui, voyait en réalité avec les excellents yeux de ses vingt-cinq ans.

Il ne s’attarda pas à philosopher sur les vicissitudes de la science dont les éternelles vérités sont si lentes à prévaloir dans l’esprit des hommes ; il ne donna pas un souvenir aux vains systèmes des Ptolémée et des Tycho-Brahé, ni même à l’ingénieuse théorie de ce bon moine que cite l’aimable Cyrano de Bergerac, et qui voulait que la terre tournât, parce que le feu central étant l’enfer, les damnés pressés de fuir les flammes, s’accrochaient et grimpaient le long des parois intérieures de la sphère, laquelle tournait alors sous leur poids comme une cage d’écureuils. Non, une seule pensée, un seul but l’occupait : réussir à aborder sans dommage ce globe aimé vers lequel le précipitait à présent une force accrue de moment en moment. Il lui fallait tâcher de faire coïncider l’instant précis de la chute finale avec le passage de l’ancien continent et autant que possible de la France, et puis par-dessus tout, viser une surface liquide pour amortir le terrible choc dans les flots de la mer à proximité des côtes, au lieu de se rompre à coup sûr les os sur la terre ferme. Aussi, dans sa préoccupation, ne remarquait-il pas certains changements significatifs dans les régions voisines des pôles, et notamment la blanche surface des glaces arctiques consi-