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CYBÈLE

l’oubli du présent et l’espoir d’un meilleur avenir. Si plus tard, dans longtemps, il reprend le cours de son existence, les inconscients bourreaux de son amour perdu ne seront plus là pour tourmenter son cœur toujours ulcéré. Et s’il ne se réveille plus, si le déluge le prend, eh ! bien, tant mieux ! Cette nuit était la dernière qu’il passait sous ce toit qui lui avait été si hospitalier, mais où il avait trouvé un si inconcevable écho menteur de toutes ses affections et de tout ce qui avait été sa vie sur la terre.

Dans la fièvre de son cerveau qu’assaillaient à la fois mille souvenirs désordonnés, il ne songeait pas à dormir. À quoi bon d’ailleurs pour un homme qui se dispose à aller s’abîmer pour toujours peut-être dans un repos absolu ? Il ne reverrait pas pour leur faire de difficiles adieux ses amis, Alcor et Namo à qui il devait pourtant de si chauds élans d’affection et tant de leçons instructives qui l’avaient aidé à supporter une année entière d’exil dans un monde si différent du sien. Il ne reverrait pas surtout Junie, cette Junie la parfaite et désespérante image de sa Jeanne bien-aimée. Ses seuls adieux seraient pour celle qui est toujous présente en son cœur, bien qu’elle réside au ciel sidéral, pour sa vraie et toujours vivante fiancée dont l’existence est confondue pour lui dans le doux rayonnement d’une étoile.

À cette heure avancée il sort de sa retraite, il