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CYBÈLE

d’énormes lances l’avant des navires aériens éventraient les aéronefs ennemis, c’était bien l’image fidèle d’une épouvantable bataille céleste que l’on avait devant les yeux. Par moments, des navires en détresse, tombait comme une pluie de guerriers tout armés qui, en touchant le sol, s’en allaient riant, leur parachute replié sous le bras et rappelaient ainsi qu’il ne s’agissait plus que d’un jeu inoffensif et divertissant. Un dernier épisode émouvant termina l’action. Ce fut le combat singulier des deux aréonefs amiraux qui dans le silence complet de l’artillerie s’attaquèrent à l’arme blanche, croisant les longues lances de leur bossoir antérieur, ferraillant comme des spadassins. Les deux aérostats criblés de blessures et ne pouvant plus se soutenir, descendirent côte à côte, s’escrimant toujours, et ne cessèrent la lutte qu’à la façon de ces preux qu’on emportait du tournoi aussi mal férus l’un que l’autre.

On ne pouvait être partout à la fois, il fallait se borner, mais ce que Marius ne voulut pas manquer de voir, ce fut le spectacle de ces résurrections dont ses amis l’avaient entretenu déjà et sur lesquelles on lui avait donné de si curieux détails. Précisément dans la crypte du Temple où les grands hommes de la Nouvelle-France avaient le plus grandiose des Panthéons, et où se célébrait la troisième