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CYBÈLE

flot incessant de souvenirs qui berçait sa pensée mais l’Orient pâlissant aux approches de l’aurore, l’avertissait enfin qu’il était plus que temps de descendre prendre quelque repos, et comme une ombre silencieuse, il se levait et regagnait sans bruit sa chambre solitaire où le sommeil tard venu le tenait souvent endormi assez avant dans la matinée.

C’est ainsi que l’aube du 1er messidor 6643 se leva dans le bleu pur et profond d’un ciel vierge de nuages, sans que Marius s’éveillât. Cette fois, à en juger par l’expression agréable qui était peinte sur les traits du dormeur, quelque songe heureux venu d’un autre monde paraissait lui sourire et le ravir en attendant que le réveil vint sans doute jeter sur la chaude illusion du rêve la froide image de la réalité. Pourtant il n’en fut rien. La même expression heureuse continua d’éclairer le visage de notre ami, bien qu’il eût tout à fait ouvert les yeux sur les étincelants rayons d’or qui traversaient sa fenêtre et allumaient les couleurs vives des arabesques des murs et du plafond. C’est qu’en ce moment une harmonie véritablement divine venue on ne sait d’où, emplissait l’air des plus suaves accords.

Et peut-être lui semblait-il continuer encore le doux songe commencé sous l’influence des magiques accents. C’étaient on le devine, les premiers