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CYBÈLE

rait la mer de Hongrie et plus au nord la mer encore couvrant les anciens pays de Prusse et de Batavie jusqu’à la grande île norwégienne qui était la seule terre considérable qui existât dans cette direction, mais déjà soudée en majeure partie aux glaces permanentes du pôle.

Après avoir côtoyé cette extrémité de l’Adriatique et donné un souvenir aux malheureuses provinces de la Vénétie et du Milanais presque entièrement englouties, on s’éleva un peu pour passer de l’Adriatique dans la Méditerranée, franchissant ainsi, le nord de l’Italie. Infortunée Venise ! elle avait après la vaillante Hollande, été une des premières victimes de l’élévation croissante du niveau des mers. Un jour les chevaux de Saint-Marc jusqu’alors religieusement conservés tandis que la féerique cathédrale, le palais des doges, le Campanile, le pont des Soupirs, toute la Venise monumentale d’autrefois avait déjà été couchée sous la faulx du temps, les antiques chevaux en bronze de Corinthe, disons-nous, les uniques chevaux de la ville marine se virent dans l’eau jusqu’au poitrail et ressemblèrent quelque temps à l’attelage mythologique d’Amphitrite. Puis le niveau de la mer monta encore, monta toujours, et puis enfin les vagues venues du large passèrent librement, allant vers d’autres rivages, sur le lieu éternellement pleuré où tant de