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CYBÈLE

de plus en plus chez leurs descendants, et c’est ainsi qu’au dire du capitaine, on voyait un pays des Grosses-Têtes chez lesquels la culture trop exclusive des cerveaux et le mépris de la vigueur corporelle, avaient fini par produire une race de têtars humains dont les facultés intellectuelles étaient merveilleuses puisqu’ils naissaient déjà savants en toutes sciences, mais ne sortaient pas du domaine de la spéculation pure, et ne leur servaient à rien dans leur existence qui s’écoulait oisive et misérable.

On trouvait ailleurs les derniers restes d’une race de nains rabougris et contrefaits qui descendaient en ligne directe d’aïeux longtemps nouris par la savante cuisine des maîtres-chimistes des industries alimentaires, ingénieux inventeurs de denrées. de boissons d’où la simple nature était soigneusement exclue comme retardataire et trop routinière. N’avaient-ils pas pour eux l’autorité des savants officiels qui estimaient que manger un fruit ou absorber la même proportion d’azote, de carbone, d’hydrogène que ce fruit contenait, cela revenait au même ?

Par contre, il y avait à côté une race pesante, presque en boule, à mâchoires énormes, bajoues lourdes de graisse et boyaux insatiables, qui devait ce physique porcin ainsi que ses mœurs bestiales à la goinfrerie d’ancêtres pour lesquels on primait