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CYBÈLE

langue repliée en arrière, son hypnotisation à la suite de laquelle on lui boucha avec de la cire les narines, la bouche et les oreilles ; enfin son inhumation dans cet état extrême de catalepsie. Lorsqu’au bout de plusieurs mois on déterra le yoghi, nom que prennent les fakirs adonnés à ces curieuses pratiques, il avait toute l’apparence d’un cadavre, mais après qu’on l’eut copieusement ablutionné d’eau chaude, qu’on eut désobstrué ses narines et sa bouche, qu’on l’eut frictionné et réchauffé, le yoghi ressuscita. Plusieurs témoins européens, Jacolliot, Crookes et bien d’autres affirmaient aussi la réalité de ces morts apparentes suivies de résurrection.

La raison ne pouvait d’ailleurs se trouver choquée de ces effets de léthargie provoquée artificiellement, lorsqu’on a tous les jours des exemples de léthargies naturelles durant souvent des semaines et des mois.

Chez certains animaux, l’engourdissement prolongé du long sommeil hibernal n’est-il pas chose normale et régulière ? Que dire par exemple de la suspension presque indéfinie de la vie chez ces insectes étranges, les rotifères, qui n’ont durant des temps illimités que l’apparence de fétus desséchés, mais qu’une goutte d’eau suffit à ranimer et ressusciter jusqu’à ce que la sécheresse en refasse un nouvel objet insensible et inerte ?