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CYBÈLE

Ce grand homme surfait dont le génie avait surtout consisté à disposer de quatre fois plus de soldats que n’en pouvaient réunir ses adversaires, pour ensuite jouer le rôle toujours facile du plus fort, se dévoilait maintenant sous son vrai jour : Antithèse vivante des Frédéric et des Napoléon, vieux renard toujours tremblant sous sa peau d’insolent reitre, il ne trouvait pas que ce fût trop de rechercher à tout prix toutes les alliances, même celles des plus humbles États de l’Europe pour opposer encore à la France cette écrasante disproportion de nombre qui avait fait jusqu’alors sa supériorité. De l’Allemagne et de la triple alliance il ne fit bientôt qu’un camp où s’exerçaient sans relâche plus de dix millions de soldats. Grâce à sa politique, l’Europe reculait chaque jour davantage dans la barbarie. Bismarck pouvait disparaître ou être écarté de la scène du monde, l’œuvre de l’homme néfaste restait et ne pouvait être dénouée que par la guerre. L’Allemagne aurait fatalement un jour ou l’autre à payer la sinistre dette de sang que lui avait value cet accoucheur avant terme d’une unité allemande qui sans lui fut venue au monde plus viable et mieux conformée.

De plus en plus appauvrie par des budgets militaires insoutenables, l’Europe voyait approcher le moment certain de sa ruine, et tout devenait pré-