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CYBÈLE

moment où Alcor, muni d’un gros volume, s’était offert à l’instruire de ce passé prophétique lui avait laissé une impression ineffaçable. Il lui avait semblé voir un autre Janus tenant en main le livre du destin.

On conçoit la hâte qu’avait eue Marius d’apprendre avant toute autre chose les événements qui avaient immédiatement suivi l’époque où il en était resté, concernant surtout son pays, et ce fut avec une patriotique anxiété qu’il vit s’ouvrir le livre que tenait le professeur, à la page où commençaient les fatidiques révélations.

À la date où son existence terrestre s’était trouvée interrompue, il était déjà visible pour tous que le déséquilibre où la prépondérance démesurée de l’Allemagne avait jeté l’Europe, ne pouvait durer. À l’horizon politique montaient déjà de noirs nuages recélant l’éclair et la foudre. Entre ces menaçants symptômes et le moment où éclaterait l’orage, il pouvait se passer encore quelques années, mais la tempête longtemps contenue n’en serait que plus inévitable et la conflagration plus terrible. C’était ce que tout le monde prévoyait, et Marius comme tout le monde. Aussi, la première question qu’il adressa au professeur fut-elle nettement précise :

— À qui la victoire ?

Mais Alcor en historien méthodique et conscien-