Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/201

Cette page a été validée par deux contributeurs.
203
CYBÈLE

dans un prix légitime, acquis à tous les produits du travail et allant répandre l’aisance dans tous les milieux ? Or cette équitable rémunération qui se maintient par une intelligente retenue dans la production, puisque c’est l’excès de production qui fait les encombrements et les crises, profite non seulement au travail, mais encore au capital lui-même qui dès lors s’emploie, circule et ne s’immobilise plus, improductif et déprécié au grand préjudice de tous.

Il suffit souvent d’une différence insignifiante dans le prix de vente d’un produit pour en obtenir une considérable dans le prix de revient et permettre de doubler le salaire de l’ouvrier. Où la concurrence sans frein entraine par degrés l’avilissement de toute chose, finit par ne plus mettre dans le commerce que des produits dégradés, des objets rabaissés de valeur et de mérite, l’intervention de lois industrielles protectrices remédie en veillant à l’équitable répartition sociale des ressources provenant du travail, satisfaisant ainsi tous les intérêts ; car tout en cette matière est affaire de répartition. Mais ce n’est pas par en bas, c’est de très haut qu’il faut se saisir de cette question d’ordre national et, pour la résoudre, l’État seul, un État digne de ce nom bien entendu, à la puissance et l’autorité nécessaires. Le laisser aller et le laisser faire qu’on avait trop longtemps pris pour de la vraie liberté,