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CYBÈLE

nut mieux. Rien en elle ne trahissait ce désir de plaire qui est si naturel à son sexe, sans pourtant paraître témoigner de l’éloignement pour les rapports d’une douce familiarité ou même d’une franche amitié. Très accessible au contraire, on éprouvait de suite en sa présence le charme pénétrant d’une nature toute de bonté et de haute intelligence des choses. Mais au milieu de la conversation la plus enjouée, on n’eût pas osé risquer à son adresse une de ces attentions galantes, un de ces compliments banals que les hommes ont coutume de se permettre envers les femmes même les plus réservées, parce qu’ils les savent en général bien accueillis. C’est que devant cette femme au front pensif, au regard clair qui lisait dans les consciences, toute pensée frivole semblait déplacée. Ce n’était pas une de ces natures charmantes et futiles que l’on doit traiter un peu comme des enfants ; c’était un caractère égal, sinon supérieur, à cette virilité d’âme que Marius, ainsi que tous ses contemporains, considérait comme étant l’apanage exclusif de son sexe. Il y avait sans doute chez Néa une élévation de nature un peu exceptionnelle qui la plaçait probablement au-dessus de la moyenne des autres femmes, mais il devenait évident que ces femmes de Cybèle étaient fort différentes de leurs sœurs terrestres de l’époque de Marius et que Néa n’avait rien de trop excep-