Page:Alhaiza, Cybèle, voyage extraordinaire dans l'avenir, Georges Carré, 1904.djvu/178

Cette page a été validée par deux contributeurs.
180
CYBÈLE

Alcor, en attendant que sonnât l’heure du repos.

— Comment se fait-il, lui demanda-t-il une fois en levant les yeux de dessus le journal qu’il venait de parcourir, que je ne trouve jamais aucun compte rendu de quelque tournoi un peu émouvant de la parole, aucun de ces brillants discours qui donnent chez nous tant de lustre à la tribune de nos assemblées et font le grand attrait de la politique ? À vrai dire, je crois, cher maître, qu’en fait d’orateurs. c’est encore à mon temps que revient la palme.

— Eh ! qu’avons-nous besoin nous autres d’insidieuses paroles et d’habiles discours, lorsque la vérité ou les nécessités d’une situation quelconque sautent à tous les yeux, lorsqu’il n’y a personne à endoctriner ou à séduire ? Vous remarquerez l’absence de bien d’autres illustrations encore dont nous n’avons que faire. Il faudrait remonter bien haut dans nos vieilles annales et non loin de votre propre époque pour retrouver avec les virtuoses de la dispute, presque tous d’ailleurs gens du métier, à part un très petit nombre de grands tribuns et de véritables hommes d’État, ces découvreurs de formules et de panacées gouvernementales infaillibles, ces encenseurs de l’ignorance et des pires préjugés se faisant une force de la crédulité populaire ; ces économistes qui équilibraient le budget d’un pays en accablant de dettes énormes ce même pays ; ces soi-disant progressistes tirant leur lustre de