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CYBÈLE

venus se fondirent et se dénationalisèrent comme à l’habitude. Mais à la longue, l’infiltration toujours grandissante se fit inondation, et il vint un moment où la race germanique, d’absorbée qu’elle était, devint à son tour absorbante, au point que les Anglo-saxons se virent cette fois sérieusement menacés dans leur intégrité, leur langue, leur autonomie, leur existence nationale enfin. Dès lors, une sourde rivalité s’établit entre les deux éléments désormais rivaux ; puis enfin une véritable lutte s’engagea entre eux, lutte qui, sans mettre à la main des armes meurtrières, n’en fut pas moins remplie d’ardeur et de ténacité. Il était évident que la victoire définitive serait comme toujours pour les gros bataillons, et surtout ici où le nombre devenait en même temps but et moyen. Entre deux races aussi prolifiques que le sont les races allemande et anglaise, une guerre à coups de peuplement devait prendre des proportions gigantesques du jour où l’esprit de nationalité s’en mêlerait et en ferait une question d’avenir. Aussi vit-on dans les deux camps s’allumer le plus héroïque enthousiasme pour cette guerre vraiment glorieuse qui donnait des citoyens au lieu d’en détruire. Il faut dire également à la louange des citoyennes qui, plus encore que leurs époux supportaient le poids de la lutte, que pas une, ni dans un camp ni dans l’autre, ne faiblit à la peine