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CYBÈLE

déformés et déplorablement prononcés. S’il s’étonnait de quelque chose, c’était qu’après un si grand nombre de siècles, une langue oubliée des peuples se retrouvât presque intacte chez les érudits qui voulaient bien l’honorer de leur attention. Ceux-ci de leur côté étaient tout oreille pour ne rien perdre de cette prosodie juste et mesurée que l’écriture n’avait pu garder et perpétuer dans toute sa correction. Ils notaient religieusement ces consonances authentiques, surtout l’euphonie particulière des voyelles nasales d’après le plus pur accent de la Provence. Au lieu de prononcer comme auparavant, divin, étrange, ils disaient maintenant comme leur modèle diveign, étreinge, etc., et quoique ce menu détail fût de légère importance, ils se répétaient l’un à l’autre ces intonations rectifiées, puis même tout seuls, une fois rentrés chez eux dans le silence du cabinet, ils y revenaient encore pour s’en bien pénétrer.

En outre, Marius trouvait conservées dans la langue usuelle, nombre de locutions en français ancien, qu’on citait par ci, par là, dans la conversation courante, de même que dans le français de ses contemporains reviennent souvent des locutions classiques comme Eureka ou Errare humanum est et il eut l’occasion d’en redresser plus d’une que les modernes employaient mal à propos. C’est ainsi que s’étant entendu dire par un de ses nouveaux