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CYBÈLE

se voyait au loin, avaient une si étonnante ressemblance avec le tableau que Marius avait toujours eu sous les yeux dans la maison paternelle, qu’il ne put manquer d’en être vivement frappé et d’obéir bientôt à l’instinctif désir d’y descendre. Un instant après il s’asseyait à l’ombre même des platanes et des sycomores touffus. Le lieu formait une fraîche et délicieuse solitude dont on devait goûter tout le prix aux heures chaudes des journées d’été. Soudain un léger bruit de branches froissées lui fit tourner la tête. Pauvre Marius ! c’était bien le cas de la perdre tout à fait sa pauvre tête ! Doucement, à pas empreints d’un doux nonchaloir, s’avançait de son côté, en vêtements légers du matin, une ravissante jeune fille qui, sous ce mélange d’ombre et de soleil, lui apportait la divine apparition de qui, mon Dieu ? De Jeanne elle-même, de sa Jeanne adorée ! C’était, on le devine, la propre sœur de Namo, cette Junie que Marius apercevait pour la première fois. La jeune fille, à la vue de l’étranger, eut comme un mouvement de surprise, puis, timide et discrète, elle pressa le pas du côté de la maison laissant le pauvre garçon tremblant et cloué sur place, comprenant son erreur, mais le cœur meurtri par la commotion. Ah ! cette fois, c’était plus qu’il n’en pouvait supporter. Ses mains s’élevèrent sur son visage et il pleura longtemps.