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M IHOMÉ riSME, CHIISME ol TRÉ

nant comme les partisans d’une magnifique synthèse réconciliant toutes les religions connues dans une phi losophie éclectique et supérieure, Ils attiraient eux

tous les esprits élevés de leur temps par ces belles spéculations tout en tlattant les superstitions île la masse

et la séduisant par le mystère

leur enseignement était de sept degrés ; pins tard il fut porté, semble-t-il, à neuf. Du moins e’est -née Ce nombre qu’il nous est présente en détail dans les textes que nous possédons et que nous allons utiliser. tout en les soumettant aux réserves critiques néoes

Hans le premier degré, le missionnaire ou </<i i (lltte lalement : l’appelant « s’efforce.le gagner la confiance de celui qu’il veut enrôler en faisant parade de connaissances mystérieuses, qui piquent la curiosité. Ces

conni aiysterieures sont celles que possèdent

les imams, de par leur nature privilégiée, et qu’ils

transmettent a leurs inities. C’est faute d’en être instruits, que les hommes commettent tant d’erreurs. que tant de calamités fondent sur la société, que le véritable islam est si peu pratique.

Comme on le voit, ce premier degré s’adresse csscnlicitement aux musulmans et il en sera de même poulies suivants. Nous ignorons comment les missionnaires appliquaient, au moins dans le détail, leur système d’enseignement gradue.

Le texte que nous résumons dit que, pour ébranler son auditeur, le missionnaire lui pose des questions captieuses sur certains passages du Coran plus OU moins obscurs, sur certains phénomènes naturels, sur le caractère svmbolique des nombres 7 et 12 : bref, il lui niontreleinor.de tout entier comme rempli d'énigmes dont il a la clef. Si son auditeur alléché demande a connaître cette clef, le missionnaire pose ses condi lions. Cette science supérieure ne peut être cou lice SOUS le sceau du secret, et pour être initié il faut s’engager par les serments les plus solennels à n’en rien révéler, sans la permission des chefs. D’ailleurs, s adressant a un musulman, il lui déclare que cet agement est entièrement conforme à l’islam, que rosélyte doit continuer à pratiquer fidèlement. I.e deuxième degré ne paraît pas différer beaucoup du premier : une fois le serment prêté, le prosélyte n’apprend rien de nouveau si ce n’est que Dieu a confié la vérité aux imftms et qu’il faut s’en remettre aveuglément a eux. Mais cela était déjà compris dans le premier degré, et le prosélyte reste toujours ignorant de la doctrine.

t avec le troisième degré qu’apparaît l’enseignement de l’isma’ilisme proprement dit, a savoir que Dieu, avant créé les principales choses de ce inonde par sept, il est certain qu’il en est ainsi pour les imàms, qui « ont 'Ali. llasan. l.louseïn. '.Mi fils du précédent. Moubammad. Dja’far et enfin le Qfllm, le maître des derniers temps, en d’autres termes le Mahdî.

Quel est-il"? Notre texte dit que les sectaires hésitent entre Isma’il et son (ils Moubammad..Mais d’autres indices enlèvent tout doute : dans un écrit rédigé par un auteur isma’ilien. c’est Moubammad, qui est appelé le septième parfait. Son père n’a été en somme que le dépositaire provisoire de l’imamat, et c’est lui qui l’a exercé véritablement.

Heste a démontrer que Moubammad a vraiment les qualités requises, qu’il a la science des choses cachées « t que, seul, il peut pénétrer le sens ésotérique de ce dont le vulgaire ne connaît que l’apparence. C’est par lui que les initiés savent l’interprétation allégorique, ta’wil, des textes sacrés. Ici commence l’exposé du misme. qui traite le Coran, ainsi que nous lavons dit. à la façon dont la Kabbale traite la Bible. Si cette explication séduit le prosélyte, on lui fait franchir un de plus.

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Dans le quatrième, il apprend que le nombre 7 régit

mm seulement l’imamat musulman ou "allde, mais encore leprophétlsmeunlversel. M y a sept grands pi.'

phètes législateurs, créateurs de religions, les par leurs OU nd Un, qui sont doubles et ceci est un

élément essentiel de la doctrine, nous verrons pour quoi d’un second qui est appelé le sotis et Irausiiiel la doctrine par six personnages successifs qui foinienl avec lui les sept - silencieux ou uimils. I.e premier prophète parleur lut Adam, et Sel h son lils fut son sous. Le second est Noe qui promulgua, disent ils. une législation abrogeant celle d’Adam. Son soùs fut

Sem. Puis viennent successivement Abraham avec

Isma’il son tils : Moïse aec Araon : Jésus avec l’ierre ; Moubammad et 'Ali. Les sept -ainits de ce dernier cycle, le sixième, sont les six imams, et Isma’il en dernier lieu. Enfin, apparaît le septième et dernier parleur, qui est le Mahdî. c’est-à-dire Moubammad.

Au cinquième degré, c’est l’application du nombre

12 qui vient compléter le système. Outre le soùs, Chaque Imam doit avoir autour de lui douze auxiliaire s nommes Çoudfdjas, c’est-à-dire « preuves. les douze tils de Jacob, les douze apôtres de Jésus, les douze chefs ou naqtbs donnés par Mahomet à ses fidèles en sont des exemples. Le nombre 12 dont le missionnaire avait, dès le début, montré ce rôle dans le monde était le symbole des houdjdjas, comme le nombre 7 celui des imàms. et ainsi se trouvaient résolues les énigmes proposées à l’auditeur pour le séduire et le faire entrer dans la nouvelle secte.

Jusqu’ici, on n’a pas quitté le terrain a l’islam, l.a succession des prophètes devant aboutir à Mahomet est prolongée et systématisée pour aboutir au Mahdî. Cette succession est bien dans renseignement de Mahomet, son prolongement est la conséquence de sa disparition, et s’il n’appartient pas à cet enseignement, il n’en est pas moins, comme nous l’avons déjà dit, la doctrine de l’islam immédiatement après la mort de son fondateur. Au sixième degré apparaît un nouvel élément : la philosophie grecque.

En effet, le bâlinisme a déjà fait naître cet le conclusion que la religion musulmane, comme toute autre d’ailleurs, est purement symbolique, et que les pratiques en ont été instituées pour le vulgaire, afin d’y maintenir le bon ordre, refréner ses instincts et assurer la paix sociale. Voilà ce qu’enseigne la philosophie grecque, à laquelle il faut désormais s’attacher en ne croyant plus aux révélations bonnes pour la masse ignorante, mais en y découvrant, avec les esprits supérieurs, la sagesse cachée qui les a dictées aux savants législateurs.

Sous cette forme le sixième enseignement parait avoir été dénaturé par les adversaires de la secte. 11 est plus probable que celle-ci passait d’abord par un terme moyen, qui essayait de concilier la philosophie et la religion. Nous avons vu que tel était le but avoué des Ikhwan asafâ ; c'était aussi, nous le savons, celui des philosophes arabes, Avicenne, Averroès et les autres. Les ennemis de ceux-ci les ont accusés d’irréligion ; ils s’en sont toujours défendus énergiquement. Il est probable que ce sont leurs théories qui étaient défendues dans ce sixième stade, et qu’il n'était pas encore question de l’opposition violente entre la foi et la raison, mais seulement de leur accord.

Le septième degré nous est exposé d’une façon peu claire dans les deux textes que nous résumons ici et qui, d’ailleurs, ne sont plus d’accord. On y peut démêler la doctrine de l'émanation, empruntée cette fois au gnosticisme et adaptée a l’interprétation du Coran. doctrine a pour but de placer a côlé de l’Etre unique un autre qui le suppléera dans la direction du inonde, (.'est la généralisation de la théorie du Si us.