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MAHOMÉTISME, CH1ISME MODÉRÉ

très caractéristique. Les partisans du quatrième

iin.'un faiimiiV, c’est.i dire descendant de làtima, affirment que le il ls de la iianatha entra en compétition avec cet Imam qui Invoqua le témoignage de i-i pierre noire, la pierre sacrée enfermée dans le mur de la Ka’aba de la Mecque. La pierre aurait alors déclaré que rim.iiii.it appartenait à 'Ali. Dis de i.lousem et non a Mouhammad tils de la Hanafiya. La personnalité de ce dernier est donc restée u-, peu douteuse. Ce qui nous intéresse surtout en lui. c’est qu’il est le premier qui réponde a un des éléments essentiels de la tradition attribuée au prophète Mahomet ! à savoir : le nom. Il est donc vraisemblable que cette tradition a été créée pour lui, de même qu’a été créée probablement contre lui l’addition postérieure sur le père du Mahdl, qui devait s’appeler 'Abd Allah comme le pire de Maho met. D’ailleurs, pour beaucoup de Malulis excentriques, si je puis dire, leurs partisans ne se sont pas arrêtes an nom, ne songeant en realite qu'à leur rôle messianique et ne se préoccupant pas davantage de leur descendance, également stipulée dans la tradition.

lui ce qui concerne le tils de la l.lanaiiya, on pourrait se demander s’il doit être considéré comme de la famille de Mahomet. Non. si dans la tradition relative au M.ihdi. il s’agit de famille directe ; mais si on prend le mot dans son acception la plus large, par son père 'Ali, cousin de Mahomet, il appartenait à la tribu des Koreiehites, branche de 'Abd al Moutallib. S’il répond ainsi a deux caractéristiques du Mahdl, il lui manque d’avoir gouverné les Arabes. C’est qu’en réalité, il ne fut vraiment mahdi qu’après sa mort.

La théorie est énoncée dans des vers fameux attribues au poète Kouthavvir († 105 =723).

Certes, les imams de Koreïch, les maîtres de la vérité, sont quatre ensemble : 'Alî et ses trois tils, les descendants incontestés. L’un tout de foi et de piété : l’autre disparu à Kerbela ; un autre que l'œil ne verra qu’au jour où il conduira ses cavaliers, drapeau en tête II est caché à tous les regards à Radivâ ; près de lui sont l’eau et le miel. »

lit, ailleurs il dit de lui : C’est le Mahdi, que nous a annoncé Ka’b, l’homme des traditions dans les temps passés. »

Dans cette conception du personnage caché en un lieu mystérieux et dont on attend la réapparition ; on a voulu voir une influence perse (Darmsteter). On n’a pas manqué non plus d'évoquer les légendes de Frédéric Barberousse, du roi Arthur et d’autres semblables. Mais, avec Friedlânder, il faut y reconnaître une influence purement messianique. L’islamisme primitif est un christianisme où Jésus et le I’araclet subsistent, mais dépouillés de leur divinité. » Puisque les Musulmans admettent le retour de Jésus, pourquoi n’admettent-ils pas celui de Mouhammad ? » Ainsi, parlait dit-on, -Abd Allah ibn Sabâ, et il y eut certainement pendant quelque temps d’assez nombreux musulmans confiants dans ce retour. Pourquoi cette croyance a-t-elle été abandonnée et ce même personnage a-t-il trouvé un remplaçant dans la personne de 'Ali, déclenchant ainsi le mécanisme que nous étudions, du mahdisme perpétuel ? C’est que le génie arabe, en général plus réaliste que mystique, et que la té musulmane fondée sur la propagande guerrière bien plus que sur le prosélytisme spirituel, exigeaient un chef plus militaire que dévot, un politique plutôt qu’un apôtre. C’est parce que Mahomet avait su déployer ces qualités qu’il avait imposé sa foi aux Arabes, et que sous des chefs aussi résolus que lui, ceux-ci commencèrent de l’imposer au monde. Les croyants aux rebours ne formèrent jamais qu’un minorité. A l’imamat, souveraineté plus spirituelle que temporelle s’opposa le moulk, souveraineté plus temporelle que spirituelle, ayant même une tendance

DICT. DE THKOI.. (AT H.

a redevenir exclusivement temporelle, connue du

temps îles anciens Arabes. Mais c’eût été la fin de

llslamisme ; la société musulmane réagit, grâce petit noyau d’imamistea auxquels le génie plus mys

tique des Persans apporta un précieux appoint et qui eurent la lionne fortune d’avoir à leur tête des chefs énergiques et îvsolus. Je veu parler des 'Ahbàssides

dont l’apparition et le triomphe transformèrent com plètement l’Islam.

3° Les 'Abbdasides. C’est une histoire fort singulière que celle de ce parti. De luènie que les Keïsànites

formaient une branche excentrique de l’imamat 'allde,

les 'abbftssldes lurent une dérivation du Ueïsaitisme. En effet, ceux des kelsanites qui, après la mort de Mouhammad lils de la l.lanaiiya, abandonnèrent l’es

poir de son retour, reconnurent pour Imftm son lils Abd Allah plus connu sous le nom d’Aboiï 1 lâchini d’où celui de hàchiinites qui leur lut donne. Ce nom. donnait lieu à une étrange confusion, car on désignait ainsi la famille du prophète Mouhammad, descendants de l.làchim, qu’on opposait à une autre branche de Korelchltes, les descendants d’Oumayya, maîtres toutpuissants de la Mecque et, comme tels, ennemis du prophète au début de sa mission. Mais, grâce à leur génie politique, ù la plus grande conformité de leur mentalité avec l'âme arabe, ils avaient su reprendre le pouvoir, et c’est eux qui furent accusés par les musulmans d’avoir rétabli le moulk et trahi la religion. On opposait les hftehimites aux oumayyades et, dans le monde musulman, les non-arabes qui devinrent très vite la majorité se rallièrent aux premiers. Ceux-ci se divisaient en deux familles principales ;  ! les Tàlibites descendants d’Aboû Tâlib, oncle de Mahomet et père de 'Alî, comprenant par conséquent les descendants de Mahomet par 'Alî ; 2° les 'Abbâssides descendants de 'Abbfts, également oncle de Mahomet. Mais les descendants de 'Ali en possession de l’imamat ne témoignaient d’aucune des qualités nécessaires pour arracher aux Oumayyades le pouvoir effectif. C’est la branche des 'Abbâssides qui leur subtilisa l’imamat Si je puis dire, en se déclarant les héritiers d’Aboû Hâchim, et détenteurs de l’imamat hàchimite. Il semble que ce soit de cette confusion de mots que les descendants de 'Abbâs se sont servis pour détourner sur eux la faveur populaire et entraîner ainsi la masse des musulmans non-arabes, tout en groupant, grâce à leur parenté avec le Prophète un fort parti arabe.

Aboû Hâchim ne nous est guère connu que par sa mort et le fait qu’il légua à un descendant de 'Abbâs tous ses pouvoirs d’imâm et qu’il lui révéla toute l’organisation secrète qu’il avait formée pour la destruction de la dynastie oumayyade, organisation que les '.abbâssides reprirent et perfectionnèrent. Mais il se forma un autre parti autour de son frère Ahmad, soit qu’il eût été reconnu antérieurement en concurrence de 'Abd Allah Aboû Hâchim, soit qu’il eût été désigné comme son sucesseur par ceux qui n’admettaient pas le legs fait à l’imam 'abbâsside. Ce parti que nous retrouverons plus tard serait celui qu’on a appelé carmathe. Celui-ci déclarait que Ahmad fils de Mouhammad fils de la Hanafiya n'était autre que le Messie, qui était Jésus, qui était le Mahdî. qui était l’ange Gabriel. Ce parti consistuerait donc la troisième secte mahdiste.

Mais revenons aux 'abbâssides. En l’an 97, Aboû Hâchim, empoisonné sur l’ordre du khalife oumayyade, fait appeler Mouhammad ibn 'Alî, arrière-petitfils de 'Abbâs, le constitue son héritier et lui donne ses instructions. II termine par cette recommandation : < Quand Vannée de l'âne sera passée, envoie tes émissaires avec tes dépêches. — Qu’est-ce que l’année de l'âne ? demande le descendant de 'Abbâs ? Cent ans de prophétie ne s'écouleront pas que la puissance de

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