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M IHOMÊTISME. SOI RCES DE LA DOCTRINE

Bande fut leur stupéfaction d’apprendre la mort* leur prophète. Us refusèrent d*j croire. n dol eue notre témoin au moment suprême ; Une peut avoir dis paru D’autres prétendirent qu’il av.nl été enlevé

U1 ciel un moment et qu’il reviendrait. Mata un des

principaux disciples de Mahomet.son beau-père Aboû Bakr, intervint et rappela aux musulmans en détresse que le Coran lui-même avait annoncé cette mort. Le fut une surprise ; personne ne se rappelai ! ce verset ; mais on no pouvail mettre en doute laparoled Aboû Bakr que le prophète lui-même avait appelé le vèrl dique. Tout le monde s’inclina.

1e fait a paru étrange a certains orientalistes qui ont conclu a une fraude pieuse et nié l’authenticité du verset Cette authenticité est niée, pour une autre rais.-n. par M. Hirschfeld ; il contient on effet le nom de Mohammed que et autour, nous lavons vu. con sidère comme apocryphe. Sans aller jusqu'à le condamner, Je crois que son interprétation n’est pas celle que lui a donnée Aboû Bakr, et. on tous ois. il est évident, par la lecture du Coran tout entier, que jamais Mahomet n’a pu affirmer qui' mourrait awmi la lin du monde, il no savait pas quand elle arriverait et, par suite, s’il a parlo do sa mort, c’est, soit sous une forme hypothétique, soit comme comprise dans la mort universelle au moment do la catastrophe suivie Immédiatemment do la résurrection universelle,

2 Conséquence. La doctrine du Mahdt. - Quoi qu’il en soit, lo fait olait la. ot les musulmans se diviseront on doux camps, ceux qui no purent se résigner à la disparition do leur prophète do la fin du monde et penseront qu’il allait revenir : ceux qui en prirent leur parti ot songèrent à organiser le monde puisqu’il continuait à vivre. Le prophète ne revenant pas, beaucoup des premiers durent renoncer a leur tour, mais les plus obstinés Imaginèrent de le remplacer. Mais cotait le dernier prophète, on ne pouvait lui trouver qu un succédané : ce fut le Mahdt.OV plus exactement imâm mahdi, celui dont l’apparition est liée à la fin du monde et qui viendra après Mahomet, comme celui-ci,

- le nom de Ahmad le l’araclot. était venu après Jésus-Christ. La conception du mahdisme n’est qu’une forme altérée du paraclétisme coranique, une paraphrase du verset cité plus haut. Voici les paroles que Ton prête a ce sujet a Mahomet dans lo hadith : « La lin du monde n’arrivera pas qu’un homme de ma famille, dont le nom sera comme le mien, ne règne sur les Arabes. » Dans quelques variantes, probablement tardives, on ajoute : « le nom do son pore sera comme le nom du mien. Dans d’autres, il est dit qu’il remplira la terre do justice, comme elle est remplie d’iniquité ; pour les diverses formes voir Bra Khaldûn, Prolégomènes (il, 258 et sq.). Nous avons vu que Mahomet, dans l’incertitude où il était s’il assisterait à Vheure, ne pouvait rien savoir d'événements postérieurs à sa mort : mais je ne crois pas que cette parole qui lui est attribuée soit fausse. Ce n’est que la paraphrase du verset paraclétique sous cette forme : il doit y avoir a la fin du monde un personnage de la famille arabe de… qui s’appellera Mu ! ammad (ou Ahmad) etc. » Ce personnage n’est autre que Mahomet luimême : après sa mort, on a voulu y voir un autre portant le même nom et jouant un rôle, d’abord un peu vague, puis de caractère messianique évident, au moment de la fin du monde. C’est ce personnage, reflet ou mieux doublet du prophète mort, qui s’est appelé le Mahdi. Pourquoi ce nom'.'

Il signifie « le conduit (par Dieu) et il s’est appliqué à l’origine comme épithète a Mahomet lui-même, puis à ses quatre premiers successeurs qu’on appelle les Khalifes râchids marchant droit » et les imâms mahdis. On ne trouve pas mahdi dans le Coran, mais seulement la forme correspondante mouhtadt. le

pense que e’est seulement après 'Ali. lo quatrième

Khalife, que le terme d’Imam mahdi ou mouhtad ! a pris sa valeur particulière pour indiquer le mu khalife par opposition a i.i dynastie omayyade, qui s’empara du pouvoir au dépens des descendants de Ail. Les partisans de ces derniers maintinrent que la souveraineté ne pouvait sortir de cette famille, et il s’ensuivit un schisme politique profond, qui se doublait d’un schisme religieux La*f a de 'Ail, c’est à dire le parti de 'Ail et de ses descendants, devint la Si a par excellence, don les noms de Chlïsme et Chiites passes dans notre langue. Le chlïsme est proprement la forme politique du Mahdisme : la doctrine d’ensemble à la fois politico-religieuse est celle de Vimûmisme, Actuellement le chilsme ne subsiste qu’en Perse et sur quelques points isoles du monde musulman. Partout ailleurs, règne la doctrine opposée dite sounnisme qui

prétend à l’oit hodoxic.

En Europe, on ne connaît guère l’islam que sous la

forme sommité et on considère le eliiïsine comme une hétérodoxie. C’est un point de vue exclusif qui ne parait pas répondre à la réalité historique.

La première préoccupation dos musulmans a été celle de la fin du monde que tout le monde considérait comme Imminente. On voulut en déterminer l'époque et on s’attacha passionnément à dos prodictions qu’on appelait malhama oumaldliim. Ce mot vient de l’hébreu milhamah et le sens particulier que lui donnèrent les musulmans vient d’un croyance rahbinique, adaptée à l’islam peut-être par Mahomet lui-même. Au Messie fils de David, les rabbins avaient ajouté un second Messie descendant de Joseph qui joue un rôle important dans les guerres qui précèdent l’arrivée du fils de David. De là. dans les Midrachim son nom de masoûh milhamah. « le messie do la bataille >. Or, nousavonsvu, d’une part, que Mahomet, en sa qualité do prophète de la tin du monde, s’identifiait à lafois au Messie juif et au l’araclot chrétien, et, d’autre part, qu’il se donnait, entre autres noms, celui de nabi-1 mail, ama « prophète de la malhama ». Il disparaît, mais la malhama musulmane se maintient ; elle a désormais le sens d’apocalypse ; elle est souvent attribuée à Daniel ; plus tard, elledégénère en prédications politiques ou même purement météorologiques, en vulgaires almanachs. Mais à l’origine, elle a un caractère eschatologique exclusif, et, à ce titre, elle préoccupe seule les musulmans. Ce n’est guère qu’une centaine d’années après l’hégire qu’on abandonne cette étude chimérique, pour s’adonner à la science 'ilm. Par ce mot, les musulmans entendent la connaissance de tout ce qui intéresse l’islam, et pour quoi ils ont manifesté dès le début une grande ardeur, ardeur qui s’est communiquée aux autres formes de la science. Lorsque Renan a voulu voir dans l’islamisme un ennemi de la science, il a commis la plus grossière erreur. C’est proprement le contraire. Seulement, ce qui est bien naturel, l’islam considère que la partie essentielle de la science, c’est la théologie, que Renan exclut.

Le 'ilm ou, dans un sens plus restreint, le fiqh, science du droit musulman, paraît avoir été recommandé tout particulièrement par Mahomet. On lui attribue des propos comme celui-ci : i le 'ilm l’emporte en mérite sur la 'ibâda (dévotion). On doit rechercher le 'ilm partout, même en Chine. Les savants, 'oulamû (d’où notre mot uléma par le turc), sont les héritiers .les prophètes, etc. Pourtant il semble bien que lo 'ilm n’ait guère été cultivé avant la fin du ie siècle de l’hégire C’est l'époque dune transformation importante de l’islam. Jusque-là, il a vécu dans une sorte de provisoire, négligeant de se donner un statut temporel, abandonnant a ses sujets non-musulmans les choses de ce monde. Dans leur vaste empire, les musulmans laissent les terres aux peuples conquis et