Page:Alfred Vacant - Dictionnaire de théologie catholique, 1908, Tome 9.2.djvu/56

Cette page n’a pas encore été corrigée

1521

MAGIE, RÉ Ml TÊ

L522

ne --ans hésitation que le démon a trompé tel hommes par les magiciens d’Egypte et par k-s taux prophètes au temps d'Élie. DiaL, 69, P. G., t. wi, eoL 636, D’après ratien, les démons promettent de reinln' la santé par des remèdes magiques ; on redite. dit-il. Ils joignent de bons remèdes a de mauvais : lia trompent et ne guérissent personne. Or. ado, Gr » 17. 18, /' G., t. vi, col. 841, 844. Pour beaucoup d’apologistes et de Pères, les démons habitent les Idoles, les es des dieux, ils sent les dieux mêmes du paganisme, suivant cette parole du l’salmiste : tous les dieux des peuples sont des démons. IV Athenagore, Legatio, 26, /'. G., t. i. col. 949.

Eusèbe constate cette croyance chez les fidèles, '/7, il faut peut-être comprendre « néant ».

Iertullien dit nettement que les magiciens opèrent par la puissance îles démons : Apol., 2'2. P. L., t. i, 104. Il attribue spécialement au démon les tables tournantes : per quos et mensx divinare consuercrunt. Id.. 23, col. 41 1. Les démons sont dans les idoles, en particulier Vénus et Bacchus sont deux démons ; ils sont au théâtre, dans le cirque. De spectac, 7, 8, 10. 12, 26, col. 638 su, .

Saint Cyprien enseigne que les esprits mauvais « se cachent sous les statues et les images des dieux. Ce sont eux qui, par leur puissance, inspirent les devina, animent les entrailles des victimes, gouvernent le vol des oiseaux, dirigent les sorts, rendent les oracles ; ils mêlent toujours l’erreur à la vérité, car ils trompent rt Us se trompent. De iJol. vaniL, 7, /'. L., t. iv, col. 574.

l 'après saint Augustin, il ne faut pas croire tout ce que disent les historiens, mais force est bien d’admettre des phénomènes préternaturels, produits directement par le démon, ou par des hommes, grâce à la magie, art diabolique. « Si nous voulons nier ces prodiges, nous nous mettrons en contradiction avec la vérité des saintes Lettres, a laquelle pourtant nous croyons. » De cir. Dei, t. XXI, c. VI, /'. L., t. xii, col. 716. Dans le De doctrina christiana, après avoir décrit les pratiques superstitieuses et magiques, Augustin ajoute que, par un châtiment providentiel, les hommes qui s’adonnent à la superstition i sont livrés pour être moqués et trompés, comme leurs mauvaises volontés le méritent, aux anges prévaricateurs, moqueurs et trompeurs. L. II, c. xxiii, n. 35, P. L.. t. xxxjv, col. 52. Et, un peu plus loin, « Toutes ces pratiques d’une superstition frivole ou nuisible, fondée sur une sorte d’alliance pestilentielle entre les hommes et les démons… doivent être absolument rejetées et évitées par les chrétiens. » Ibid.. n. 36, col. 53. Saint Léon le Grand, saint Grégoire le Grand, saint Bernard, et beaucoup d’autres parlent de l’action du démon dans le monde ; mais, lg plus souvent, il s’agit de tentations, de calamités provoquées par le démon ou encore, du côté de l’homme, de pratiques magiques, sans que l’on sache si elles aboutissent.

On pourrait certainement apporter d’autres autorités et d’autres textes, même sur l’ellicacité de la magie. D’une façon générale, les Pères de l'Église ne paraissent guère portés à restreindre la puissance du démon ; donc, quand ils parlent de magie, même sans se prononcer explicitement sur l’efficacité des pactes le démon, il est plus vraisemblable qu’ils admettent cette efficacité, mais ce n’est pas sûr. Et puis, attaqués sur ce point précis, se seraient-ils réclamés de la révélation ou de l’expérience'.' Sans doute, on a entendu plus haut saint Augustin en appeler à l’autorité de l'Écriture pour prouver la réalité des prodiges démoniaques, produits directement par le démon ou par des hommes, grâce à la magie. Avec un peu de

riCT. DE THI.OL. CATIIOL

subtilité, on pourrait prétendra que l'évéque d’Hlppouc établit sur l'Écriture le fait que le démon opère îles prodiges, alors que le mode, oirectement ou par

des magiciens, est précision lium.iine. Quoi qu’il eu

soit, la plupart du temps, il n’apparaît pas évidem

ment que les Pères prétendent avoir sur l’elllcacile

de la magie, une certitude théologique.

3. L< raisonnement tMologtque, - Cependant, si la

révélation ne nous oblige pas directement a admettre la redite de la magie, n’arriverait-on pas a la certitude par un raisonnement théologiqne.' Le ilémon

peut Intervenir spontanément d’une façon sensible, cela est hors île doute ; dès lors, pourquoi n’interviendrait-il pas sur l’invitation dune volonté humaine' On ne voit à cela nulle répugnance, ni du côté de Dieu, ni du cote du démon, au contraire. Du côté de Dieu, laisser alors au démon une plus grande puissance, c’est pour l’homme un châtiment qui répond parfaitement à la faute. Du côté du démon, céder à une sollicitation qui Batte son orgueil, qui gratifie sa haine de 1 lieu et sa haine de l’homme, son désir de faire du mal, cela est tout à fait conforme à sa psychologie.

Ainsi l’entend Augustin dans un passage cité en partie plus haut. Les hommes qui s’adonnent à la superstition « sont livrés, comme leurs volontés mauvaises le méritent, aux anges prévaricateurs pour en être moqués et trompés ; car aux anges ce bas inonde a été soumis, suivant le bel ordre établi par la divine Providence ». De doclr. christ., t. II, c. xxiii, n. 35, P. L., t. xxxiv, col. 52. Et pour expliquer que les démons soient attirés, influencés par l’action de l’homme, et en particulier par l’emploi de certains objets, de certaines substances, saint Augustin remarque qu’ils sont attirés « non comme un animal l’est par la nourriture, mais comme un esprit l’est, par un signe ». De civ.Dei, I. XXI, c. vi, P. L., t. xii, col. 716.

Il semble donc que l’on puisse fonder sur la doctrine chrétienne relative aux démons, une haute probabilité en faveur de l’efficacité des pratiques magiques. Mais la conclusion n’est peut-être pas théologique, car l’analogie, dont dépend toute la force du raisonnement, est peut-être objet de lumière naturelle, uniquement.

4. L’expérience.

Cependant est-il besoin de recourir à la révélation ou à des raisonnements détournés, et l’existence de la magie, d’une magie efficace, n’estelle pas un fait patent, établi sur d’innombrables et irrécusables témoignages ? De fait, les témoignages abondent : témoignages de gens intègres, intelligents, témoignages se répartissant sur plusieurs siècles, dans nos pays et dans les pays de mission.

Chez beaucoup de peuples, on trouve la croyance à la magie non seulement dans la foule ignorante et crédule, mais aussi dans la classe instruite et dirigeante. La législation pénale ecclésiastique en particulier, montre a l'évidence que la magie n’a pas été c nsidérée comme une chimère. De même les réprobations multiples des papes, des conciles, des évêques, des écrivains e. clésiastiques et des théologiens. Toutes ces autorités ne sont considérées ici que comme des autorités humaines, témoignant de la réalité des phénomènes au nom de l’expérience.

a) Le droit ecclésiastique. — La plupart des textes de l’ancien droit se trouvent dans le Décret de Gralien. Cf. Wernz, Jus decrelalium, t. vi, n. 323. On rappelle en passant que, le Décret n'étant pas une publication officielle, les documents ne reçoivent pas du fait de l’insertion une valeur nouvelle. Il y a, caus. XXVI, q. v. c. 12, un décret fameux connu sous le nom de Canon episcopi et attribué autrefois à un concile d’Ancyre, tenu en 314. En réalité, le canon episcopi semble emprunté à un capitulairc inédit des rois francs. Cf. Corpus juris can., édit. Friedberg, t. i,

IX, — 49