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MARIE, M G WENTATION DE LA GRACE

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chard « le Middletovrn, dont l’explication a été coin munément suivie.

Selon Alexandre de Haies, la plénitude (le grâce lut conférée à Marie au moment de l’incarnation, en ce sens que Marie lut alors pleinement confirmée dans le bien, parce que le pouvoir encore subsistant en elle de commettre le péché fut alors entièrement retiré. Simimi theologise, part. III, q. ix, m. 3, a. 2, Venise, 1575, t. iii, p. 32.

Le texte de saint Thomas, in COnceptione uutem Filii Dei consummata est ejus (Maria ;) gratta confirmais cum in bono, Sum. theot., III 1, q. xxvi, a. 5, ad 2 lliii, contient substantiellement le même sens, comme l’indique toute la suite des idées. Le saint docteur distingue en Marie une triple plénitude de grâce tellement hiérarchisée, que la deuxième remporte sur la première, et la troisième l’emporte sur les deux premières au double point vue de la délivrance du mal et de l’ordo ad bonum.

a) Au premier point de vue, la hiérarchie s'établit ainsi. La perfection de grâce reçue dans la première sanctification *a délivré Marie de la faute originelle (comme l’admettait saint Thomas). La perfection de grâce reçue dans la deuxième sanctification, au moment de la conception de son divin Fils, l’a totalement purifiée du fomes ligatus encore subsistant jusque-là. Enfin la perfection de grâce qu’elle a reçue dans le triomphe de son assomption et de son entrée au ciel, l’a délivrée ab omni miseria, c’est-à-dire des autres pénalités du péché, comme la mort et la souffrance.

b) Au point de vue de Yordo ad bonum, il y a une semblable hiérarchie de perfection. Dans la première sanctification, il y a eu réception de la grâce inclinant Marie au bien. Dans la conception du Fils de Dieu, il y a eu en Marie consommation de la grâce qui la confirmait dans le bien : ainsi fut supprimé l’inclination au mal, encore subsistante bien que liée. Dans la glorification éternelle de Marie, il y a eu consommation de la grâce, l'établissant parfaitement dans la jouissance de tout bien : ce qu’elle ne possédait pas encore sur la terre. Il est donc vrai que la consommation de grâce communiquée à Marie, dans l’incarnation de son divin Fils, doit s’entendre de sa parfaite confirmation dans le bien ; et que rien n’autorise à l’expliquer dans le sens d’une négation de toute croissance subséquente de la grâce sanctifiante, négation qui, d’ailleurs, serait opposée à la doctrine soutenue en d’autres endroits par saint Thomas, comme nous l’avons montré. On peut ajouter que saint Thomas affirmant que la troisième perfection de grâce est plus grande que la deuxième, suppose ainsi qu’il pouvait encore y avoir accroissement de grâce après la réception de cette deuxième perfection, comme l’observe avec raison le P. Hugon, op. cit., p. 110. Richard de Middletown, In IIIum Sent., dist. III, q. i, a. 4, s’exprime comme Alexandre de Halès.

En opposition au fait de l’augmentation constante de la grâce en Marie on cite encore cette phrase hésitante de Duns Scot, à propos du baptême conféré à Marie : Consimiliter supponendum est de beata Virgine, nisi forte ipsa excepta ab illa lege et de ea fuisset ratio dispensandi : quia forte habuit in conceptione Filii sui illam plenitudinem gratise ad quam Deus disposuit eam pervenire. In /Vum Sent., dist. IV, q. yi. Quelle valeur pourrait-on attribuer à une phrase aussi hésitante, qui ne contient aucune preuve, et qui, parmi les théologiens, n’a recueilli d’autre suffrage que celui d’Antoine Hiquæus, dont le commentaire accompagne l'édition des œuvres de Duns Scot ? Ainsi la vérité de l’enseignement traditionnel, loin d'être affaiblie par quelques textes discordants, en reçoit plutôt une sorte de confirmation, par le fait que l’on n’a pu lui opposer aucun argument valable.

II. CAU8E8 DE CETTE AUQUENTATIO CONSTANTE DE I. | OM tCE 8A.NCTIPIA.NTB EN MARIE. — 1° cause. Les actes de charité très parfaite incessamment accomplis par Marie. — 1. A cause de la très parlaite grâce sanctifiante qui fut donnée à Marie dans sa conception immaculée, à cause aussi des grâces actuelles très éminentes dont elle fut incessamment prévenue et dont elle suivit toujours la forte impulsion, les actes de charité produits par.Marie étaient d’une très grande perfection. Par les grâces mystiques qui furent abondamment communiquées à Marie pendant toute s a vie terrestre, comme nous le montrerons bientôt, la perfection de ses actes de charité lut encore grandement augmentée. Car l’effet habituel de ces grâces de choix est, selon l’enseignement des théologiens mystiques, de produire dans l'âme une très intense charité.

2. Dirigés par la science infuse de Marie, ces actes de charité furent produits d’une manière constante depuis le premier moment de son existence jusqu'à son dernier instant. Ils ne furent empêchés par aucune distraction ou aucun acte des sens extérieurs ou intérieurs. Exempte, de droit, des conséquences de la faute originelle, Marie avait sur tous ses sens une parfaite maîtrise.

3. Selon les principes indiqués à l’art. Charité t. ii, col. 2230 sq., chacun des actes de charité, excellemment accomplis par Marie, fut constamment suivi d’une augmentation immédiate de la grâce sanctifiante. En elle, à cause des grâces très éminentes dont elle fut toujours prévenue et de son incessante et parlaite correspondance, chaque acte de charité posséda toujours une perlection suréminente qui lui assurait le droit à une augmentation immédiate.

4. Dans quelle proportion cette augmentation s’estelle produite ? Nous ne pouvons le déterminer d’une manière précise, ne connaissant exactement ni l’intensité de la grâce sanctifiante d’où l’acte procédait, ni l’intensité de la grâce actuelle sous l’impulsion de laquelle l’acte était produit. Nous savons seulement qu’en Marie la grâce eut toujours son maximum d’effet surnaturel, à cause de sa parfaite correspondance à l’action de la grâce.

2° cause. Les sacrements reçus par Marie. — Nous nous bornerons aux sacrements de la Nouvelle Loi et aux seuls sacrements que pouvait recevoir Marie exempte de tout péché par le privilège divin : le baptême, la confirmation et l’eucharistie.

1. Quant au baptême, les vérités doctrinales que nous connaissons rendaient, pour Marie, sa réception nécessaire : le baptême est nécessaire pour recevoir validement les autres sacrements, nécessaire aussi pour appartenir, en fait, à l'Église instituée par JésusChrist. Pour recevoir validement les autres sacrements et pour appartenir effectivement à l'Église de Jésus-Christ, Marie reçut donc le sacrement de baptême, bien que du fait lui-même nous n’ayons aucune preuve matérielle.

2. Pour la sainte eucharistie, ce que nous connaissons de la coutume des premiers fidèles de la recevoir fréquemment, voir Communion fréquente, t. iii, col. 516, et ce que nous savons de l’amour très parfait de Marie pour son divin Fils, nous assure qu’elle reçut ce sacrement aussi souvent qu’il lui fut possible.

3. Entrée au cénacle avec les apôtres, Act. il, 14, Marie participa avec eux à la réception des dons du Saint-Esprit au jour de la Pentecôte. Comme les apôtres, elle reçut donc la grâce du sacrement de confirmation, que saint Thomas appelle rem sacrumenti confirmationis, ou plenitudinem Spiritus Sancli sine sacramento, Sum theol., IIP, q. lxxji, a. 2 ad lum.

4. Dans quelle mesure la grâce sanctifiante de Marie