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MARIE, EXEMPTION DE TOUT PÉCHÉ

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ci sq., xx, xxvii, Ingolstadt, 1583, Lu, p. 73, 386 sq.,

5 i sq., 548 sq. ; Vasquez, In ///"" S. Thomas, disp. (., 23 sq. ; Suarez, In III** S. Thomas, t. ii, disp. IV. sect. tu ; Petau, De incarnatione, xiv, 1, De theologicis dogmatibus, Anvers, 1700, t. vi, p. 210 sq. ; Raynaud, op. cit., t. vii, p. 213 sq. ; Nfovato, op. cit., t. i, l>. li) sq. ; Vega, op. cit., t. ii, p. 27 sq. ; Sedlmayr, op. cit., Summa aurea, t. vii, col. 1036 sq. ; Janssens, op. cit., p. 162 sq. ; Lépi ci er, op. cit., p. 223 sq. ; Terrien, La Mère de Dieu, t. ii, p. 66 sq. En expliquant le principe immédiat de l’impeccabilité en.Marie, on le lit dériver, comme à l'époque précédente, d’une providence très spéciale de Dieu sur.Marie, et des incessantes grâces de choix qui unissaient la Vierge à Dieu par une très éminente et très constante charité.

III. CONCLUSIONS DOCTRINALES DÉDUITES HE L’ENSEIGNEMENT TRADITIONNEL. — 1° conclusion. — Le fait de l’exemption de toute iaute actuelle en Marie, pendant toute sa vie terrestre, est une vérité catholique certaine, constamment enseignée, au moins depuis le ve siècle, comme contenue dans le dogme de la maternité divine.

1. C’est une vérité catholique certaine, enseignée c>mme telle par le concile de Trente, sess. vi, can. 23. Selon la parole conciliaire, quemadmodum de beata Virgine tenet Ecclesia, c’est la doctrine de l'Église que Marie, par un privilège spécial de Dieu, a pu, pendant toute sa vie, éviter tous les péchés même véniels. Par là l'Église affirme seulement le fait de l’exemption par un prj vilège.spécial de Dieu, dont la nature n’est pas autre ment précisée. Suivant les explications communément données par les théologiens depuis le xme siècle, le privilège consiste dans une protection très spéciale de la divine Providence, empêchant toute défection du libre arbitre : par I'éloignement de toute occasion de faute et par la concession incessante de grâces particulières produisant, dans la volonté de Marie, un amour très parfait envers Dieu. C’est notamment l’enseignement que nous avons entendu de saint Thomas, dans les textes cités.

2. L’exemption de toute faute actuelle, en Marie, a été enseignée au moins depuis le v siècle, avec saint Augustin, comme une vérité certaine, contenue dans le dogme de la maternité divine.

C’est la pensée de saint Augustin, disant expressément qu'à cause de l’honneur de Notre-Seigneur, il ne veut pas que, quand il s’agit du péché il soit aucunement question de Marie, ci-dessus, col. 2414. Saint Thomas l’atteste formellement : Marie n’aurait pas été idonea mater Dei si elle avait péché quelquefois. Comme l’honneur des parents rejaillit sur leurs descendants, de même le déshonneur de la mère rejaillirait sur le Fils. Sum. theol., IIP, q. xxvii, a. 4. De cette interprétation constante de la tradition catholique, affirmée par saint Augustin et saint Thomas, et communément suivie par les théologiens, on doit conclure que la doctrine de l’exemption de toute faute actuelle, en Marie, est une vérité implicitement révélée dans le dogme même de la maternité divine.

2 » conclusion. — Les textes scripturaires que l’on a objectés, à diverses époques, à l’exemption de toute faute actuelle en Marie, ne contiennent rien qui lui soit opposé. Nous avons constaté que quelques textes scripturaires qui, au uie et au ive siècle, avaient, chez plusieurs, suscité quelque doute ou quelque hésitation, avaient été, depuis le Ve siècle, constamment et unanimement interprétés malgré quelques divergences d’exégèse, dans le sens d’un respect absolu de la sainteté de Marie, ou de l’absence, en elle, de toute faute. Nous avons constaté aussi que les théologiens catholiques ont toujours observé la même attitude en face des textes opposés, depuis le xvie siècle, par

les protestants, à la parfaite sainteté de Marie. Il sera utile de résumer leur démonstration pour les deux textes principaux, Luc, ii, 35 et.loa., ii, 4.

a) Luc.., ii, .'i"). Et tuam iftsius animam pertransibit gladius, ne peut aucunement signifier le doute, tourmentant l'âme de Marie au moment de la passion de Noire-Seigneur. Rien, ni dans le texte, ni dans le contexte, n’indique ce sens. Il est même positivement exclu par les paroles antécédentes : /-'/ in signum cul contradicetur, elç cr/jU.eîov àvTiÀeyéfievov, annonçant l’opposition qui sera faite à Notre-Seigneur pendant sa vie et surtout pendant sa passion ; opposition que le participe présent àvriXeY6u, evov indique comme continue. Far la conjonction et, uncétroite connexion est établie entre les deux phrases. D’où il résulte, d’une manière évidente, que le glaive qui transperce l'âme de Marie est un glaive symbolisant les douleurs très vives qui déchirèrent son âme à l’occasion des souffrances de son divin Fils particulièrement pendant sa passion et au pied de la croix. C’est aussi ce que montre la phrase finale, ut revelentur ex multis cordibus cogitationes. L’opposition faite à Jésus-Christ et les souffrances qui en résultèrent pour Marie, ainsi que l’Ecce positus est hic in ruinam et in resurrectionem mullorum in Israël, du commencement de la phrase, auront pour conséquence la manifestation des cœurs : les hommes, en prenant parti pour ou contre Jésus, manifesteront leurs pensées et leurs aïlections les plus secrètes. Le texte, en attribuant ce résultat conjointement aux trois membres de phrase, exclut donc, pour les paroles Et tuam ipsius animam pertransibit gladius, toute autre i dée que celle des souffrances de Marie. D’ailleurs toute la phrase montre les souffrances de Marie intimement unies à celles de Jésus, dans un but commun.

b) Joa., ii, 4, Quid mihi et tibi est mulier ? nondum venit hora mea, ne contient aucun blâme supposant quelque faute commise par Marie.

On le voit par la suite de l'événement. Jésus accomplit ce que Marie lui avait demandé ; et Marie avait immédiatement compris qu’il en serait ainsi, puisqu’elle dit aussitôt aux serviteurs d’exécuter tout ce que Jésus leur ordonnerait. C’est aussi ce qu’indique la phrase elle-même. — Comme on la montré à l’art. Marie, Dictionnaire de la Bible, t. IV, col. 795 sq., voir aussi Knabenbauer, Comment, in Evang. sec. Joannem., 2e édit., Paris, 1906, p. 129, l’expression quid mihi et tibi, d’après plusieurs autres textes néotestamentaires, Matth., viii, 29 ; Marc, v, 7 : Lie, iv, 34 ; vui, 28, signifie : « Ne vous occupez pas ou ne vous inquiétez pas de ce qui me regarde ou de ce que je dois faire ; laissez-moi faire. » On peut donc traduire « laissez-moi faire », ou « que ne me laissez-vous faire ? » Sens qui n’a rien d’irrespectueux ni de désobligeant pour Marie ; d’autant plus que l’appellation yuvou est elle-même très honorable. Elle est employée, comme telle, même chez les classiques. Notre-Seigneur l’emploie toujours en parlant à des femmes : sa mère n’est point exceptée.

On a montré également que le membre de phrase qui suit doit être interprété selon la forme interrogative, suivant des auteurs anciens, comme la version arabe du Diatessaron de Tatien, et saint Grégoire de Nvsse, P. G., t. xliv, col. 1308. On sait d’ailleurs que, dans les textes grecs du Nouveau Testament, il n’est pas rare d’omettre la particule interrogative dans des phrases où le sens interrogatif est indiqué par le contexte. Avec cette forme interrogative, la phrase signifie l’acquiescement tacite de Notre-Seigneur : « mon heure n’est-elle donc pas venue ? > Ce qui correspondait pleinement à la réalité, puisque Jésus venait de commencer son ministère public par son baptême et que saint Jean-Baptiste avait publique-