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    1. MACHABÉES (LIVRES DES)##


MACHABÉES (LIVRES DES), HISTOIRE

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guent ainsi fortement parmi les païens, -/ « p'.anôv â7rotouv ènl tô>, au point de paraître odieux, ëvioi à7te/0eïç èçatvovro, à ceux-ci qui leur reprochaient les particularités de leur culte et de leur nourriture, m, 7 : t/)v Sh 7tepl twv 7tpoçxuv/ja£ojv xal zpoyd-j 811.aza.aiv. Le particularisme juif de la dispersion est du reste soigneusement entretenu par les directives et exhortations émanant de la mère patrie. II Mac, i, 3-5, 9 ; Ibid., 18 ; ii, 15-16 ; x, 8. Celle-ci donne, de son côté, bel et grand exemple de fidélité » en modelant sa foi, faite de dévouement et de confiance, sur celle des ancêtres dont Mattathias, au début de la révolte et du soulèvement contre la domination et la persécution païenne, cite d’illustres exemples : ceux d’Abraham, qui fut trouvé fidèle dans l'épreuve, I Mac, ii, 52 : eûpéOï) 7uaT6ç ; d’Ananias, Misaël, Azarias, sauvés des flammes à cause de leur foi, ii, 59 : TuaTeôaxvTîç… Judas et ses compagnons sont les « fidèles ». I Mac, iii, 13 : tucttoL

Ces derniers, et beaucoup d’autres avec eux, « restent donc fidèles au Judaïsme », II Mac, viii, 1 : [ieu, ev7, x6Teç èv tw 'louSoaafvw, c’est-à-dire aux « principes constitutifs de la société juive », iv, 11 : xàç vo[a£[zouç xoctocXûmv 7roXt.Teoaç…, auxquels s’opposent les « coutumes contraires à la Loi »… Tcapav6[i.ooç è9taizoùç èxodviÇsv, 1' « hellénisme », II Mac, iv, 10, 13 : ô 'EXXy)V !, x6< ; ^apaxT^p, 'EXX7)via[i.6ç, mœurs religieuses et civiques dont l'éclat tout profane, 15 : êXXv)vix ?) S6^a, offusquait l’austère piété judaïque. Ces mœurs étrangères comportaient, avec l’abandon obligé du culte traditionnel, de la circoncision, du sabbat, des interdictions légales concernant surtout les aliments, i Mac i, 44, 45, 476, 48 : l’adoption des rites cultuels païens avec leurs autels, bois sacrés et idoles, I Mac, i, 47a ; les jeux profanes et exercices du gymnase, de l'éphébie et de la palestre, I Mac, i, 14 ; II Mac, iv, 9, 12, 14, où il fallait coiffer le pétase et dissimuler la circoncision ; les banquets où se devait consommer la chair des victimes sacrifiées aux faux dieux. II Mac, vi, 7-8, 21. C’est le temps de la « confusion » des cultes, ypôvoç TÎjç ztzij..'J.o.c, où un grand prêtre (Alcime) tolère dans le temple même le déploiement des orgies athéniennes, vi, 1-6 ; xiv, 3-4. Mais c’est aussi le temps du « triage », xp^voç -vfc, à.i<.^laç, où il faut, pour les fidèles, se séparer des Juifs hellénisants, se prononcer pour le judaïsme alors arrivé à son point critique, xiv, 38 : xpîaiç 'IouSoacrjj.oîi. Ce sera, pour longtemps, d’un côté les « pieux », Hasidim, I Mac, ii, 42 ; vii, 13 ; II Mac, xiv, 6 ; de l’autre les « impies », utoi TcapâvopiO !., dcvSpsç Trapâvo[xoi. I Mac, i, 11 ; x, 61 ; xi, 21.


IV. Histoire des livres. —

1° Langue, auteur et date. — Le premier livre des Machabées a été écrit d’abord en hébreu. Origène lui donne un titre, Sap6r)68apêavâi ëX (fusion des variantes : Exp6xvéëX, Sa6avouéX) qui ne s’explique que dans cette langue. P. G., t. xx, col. 581 (Eusèbe, H. E., vi, 25). Saint Jérôme le possédait aussi en hébreu : Machabseorum primum librum hebraicum reperi. Prsef. in libr. Sam., P. L., t. xxviii, col. 556-557. Peut-être cet hébreu était-il de l’araméen… En tout cas la langue apparaît clairement sémitique sous la traduction grecque qui seule nous transmit ce livre. Pour explication linguistique, voir Dict. de la Bible, Paris, t. iv, 1912, col. 490 ; Tony André, Les apocryphes de l’Ane. Testament, Florence, 1903, p. 61, 62, 69, 70. L’auteur est inconnu ; mais on peut assurer qu’il était juif palestinien et vivait sous le pontificat de Jean Hyrcan, fils et successeur de Simon Machabée (136-106 av. J.-C). I Mac, xvi, 23-24. Ouvrages cités : col 491, et p. 81-83.

Le deuxième livre fut écrit en grec. Saint Jérôme en témoigne, Ibid., col. 557 : secundus Grœcus est, quod ex ipsa quoque çpdcasi probari potest ; ce qui se justifie par les nombreux héllénismes d’expressions ou de

style dont le livre surabonda. Quelques hébraïsrnes (fort rares) s’expliquent naturellement par des réminiscences bibliques. L’auteur est également inconnu. Le plus probable est qu’il était un Juif helléniste, vraisemblablement d’Egypte, vivant et écrivant entre les dates extrêmes 121 et 63 av. J.-C. Il affirme « résumer » un écrit antérieur au sien qu’il attribue à un certain Jason de Cyrône aussi peu connu que lui, ii, 20-33, et que nous n’avons plus. Peut-être a-t-il utilisé encore d’autres sources (à distinguer des lettres du début). La façon dont il exalte le temple et ses fêtes, le courage et la vaillance des martyrs de la Loi et des Machabées, ainsi que la conduite de la Providence divine qui secourt ou qui châtie, peut porter à croire qu’il écrivit son histoire à la veille ou au milieu d'épreuves qui semblaient compromettre à nouveau l’existence du judaïsme, peut-être la guerre civile qui précéda la prise de Jérusalem par Pompée. Ouvrages cités : col. 493, 494 ; et p. 91-95, 107, 111, et Éd. Reuss, La Bible, Paris, 1879, t. vii, p. 131 sq., 140-145.

Le troisième livre fut aussi écrit en grec par un Juif alexandrin inconnu, et vraisemblablement entre les dates extrêmes 120 av. et 70 après J.-C, en temps de violente persécution des Juifs de la part des rois, empereurs ou gouverneurs païens. On a proposé successivement l’an 40 sous Caligula, l’an 27 à 36 sous PoncePilate, l’an 4 à la mort d’Hérode le Grand, l'époque de Ptolémée Physcon mort en 117 av. J.-C. Ouvrages cités col. 499 ; p. 117 sq., 124-128 ; Reuss, p. 368-372.

Tradition du texte.

1. Manuscrits. — Le texte

des livres des Machabées nous a été transmis dans quelques manuscrits onciaux dont deux seulement, VAlexandrinus (ve siècle) et le Venetus (vme -ixe siècle), les contiennent entièrement tous les quatre. Le Sinaïlicus (ive siècle) ne contient que le premier et le quatrième ; il devait contenir aussi les deux autres avant sa mutilation au monastère du Sinaï. Le Vaticanus (ive siècle) par contre, n’a jamais contenu aucun livre des Machabées. Quelques manuscrits minuscules, 19, 62, 64, 91, 52 (notation Holmes et Parsons) ont les trois premiers livres dans la recension lucianique, dont la caractéristique principale réside dans des additions destinées à rendre le texte plus clair, à renforcer ou améliorer le sens, à suppléer des lacunes dans la narration. Cf. D. de Bruyne, Le texte grec des deux premiers livres des Machabées, dans Revue biblique, Paris, 1922, p. 34, 35, qui conclut à l’existence, avant Lucien (fin du ine siècle) de deux éditions au moins des Machabées, et profondément différentes : l’une représentée par les mss. grecs, l’autre représentée surtout par les mss. latins. P. 37, 38. Comparés aux latins (ancien texte), les mss. grecs, à l’unanimité, accusent une « révision délibérée » d’un texte aujourd’hui perdu. Quelquesuns seulement d’entre eux appuient l’ancienne latine ; ce sont le Sinaïticus, puis le Venetus (en réalité, texte presque aussi ancien que celui du précédent), puis le groupe lucianique. Par contre, Y Alexandrinus « est le chef de file du groupe qui s’oppose à l’ancien texte latin ». P. 53. Voir ci-après.

2. Éditions.

Les livres des Machabées se trouvent en grec dans toutes les éditions complètes des Septante. Mentionnons la Sixtine, Rome, 1537, où le texte des Machabées est celui d’un manuscrit non signalé par les éditeurs, et celle de Swete, Cambridge, 18871894 et 1895-1899, où le texte reproduit est celui de Y Alexandrinus. Éditions séparées des deutérocanoniques : Augusti, Leipzig, 1804 ; Apel, Leipzig, 1837 ; Fritzsche, Leipzig, 1871. Il n’existe pas d'édition spéciale des livres des Machabées. Quelques-unes de ces éditions sont critiques et donnent de nombreuses variantes des manuscrits. La meilleure, pour les Machabées, reste celle de Fritzsche.