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MACHABÉES (LIVRES DES), THÉOLOGIE


meut en Israël. On prie hors du temple quand on en est éloigné, OU que l’accès en est empêché par les profanations ou dévastations dont il a été l’objet. Il existe, OU peut exister dans le pays des « lieux de prière », I Mue., pi, 16 : t6tcoç Tipooeuy'ÔÇ I "I.Mac., vii, 20 : TÔnov —. xoeOiSpûeiv, qui devaient être de véritables synagogues pour qui ne pouvait aborder le lieu saint, cf. III.Mac., ii, 28, surtout a l'étranger. La prière est surtout eulogie, ou litanie. Celle-là es1 un cantique de louange à Dieu pour la délivrance ou la victoire, I Mac, iv, 21 : eùXôyouv eiç oùpav6v ; II Mac. 38 : eoXoyeïv t<~> xopico : l’autre, une supplication entrecoupée de sanglots dans un péril menaçant OU avant un combat. Il Mac, iii, 20 ; x, 16 : XiTocveCoc. Celle-ci comporte une forme et une allure particulières établies par la tradition, et qui la rendent susceptible d'être exaucée, III Mac, ii, 21 : 6e6ç… slaaxoûaocç t7, ç svOéa|i.ou XiTave'.aç. Ce devait être une énumération plus ou moins longue et complète des circonstances tragiques dans lesquelles Dieu avait autrefois secouru son peuple ; à l'énoncé de chacune par l’orant répondaient des cris, des pleurs, des gémissements. Comparez tous les passages : II Mac, ni, 20, litanies des femmes autour du temple ; x, 10, litanie avant l’attaque des places fortes iduméennes ; xii, 42 ; xiii, 12 ; III Mac, i, 18-29 ; ii, 2-21, litanie du grand prêtre Simon ; vi, 2-15, litanie du prêtre Éléazar.

La prière sacrificielle pour les morts. II Mac, xii, 39-45. — Dans ce passage la « prière » a double forme et double objet. Elle est d’abord un service religieux organisé par les Juifs combattants en dehors du temple dans le stvle de la litanie (iy.a.zz'.'x -- Xiravsia = Se^crç, cf. II Mac, x, 25, 27 ; III Mac, ii, 1 et 21) ꝟ. 42a, pour obtenir que le péché commis par les soldats morts fût « complètement effacé », teXeÎcoç è^aXstepOvjvai, de l’esprit de Dieu irrité, et ne retombât pas en plus large châtiment sur la nation, ꝟ. 42 b. Elle est « ensuite » un sacrifice expiatoire, £ ; iXacr[jL6ç, offert dans le temple pour assurer aux mêmes soldats morts l’absolution de leur faute, tt, ç àpiap-rîaç àTroXuOîjvai, et, par suite, le bénéfice de la résurrection espérée, ꝟ. 43-45. C’est cette seconde façon de « prière pour des morts » Û7TÈp vsxpcôv euyeaQan, qui se trouve jugée, dans la circonstance, n'être ni « superflue » 71 : spt, aa6v, ni « ridicule » X-rçpwSeç, et qu’une glose probable — « sainte et pieuse, celle pensée ! ôata xai eùoe[3^ç^ smvoioc ! » ꝟ. 45, — déclare en outre avoir été, en Judas, d’inspiration fort opportune. Dans la tradition du texte, le grec et les versions latines anciennes sont demeurées à peu près fidèles à cette conception d’un éloge accordé à la « pratique » (TcpàxTwv) de Judas Machabée à l'égard, non des morts en général, mais de « ceux » qui avaient péri dans la bataille contre Gorgias près d’Odollam. II Mac, xii, 34, 38, 39, toùç 7rp07r£7TTWx6Taç, tûv ts6vt]xÔtcov. Un des mss. latin de l’ancienne version, Compl'. (l re Bible d’Alcala) la rend plus explicite encore par sa traduction quelque peu libre : pro mortuis illis qui peccaverant. Peutêtre est-ce la recension de Lucien qui, en ajustant la glose au texte par le datif ôaîw xai ôyiEi ty) ètuvoioc, avec suppression de ÔŒv (texte des mss. 19, 72, 64, 39, lucianiques : ooicx. xai uytEi TY) emvoia rcepi tuv Te6v/]xoT6)v E^iXærp.ov £7rot.7)aaTO.. ; versions : ideoque, iinde), amorça, dans les textes reçus par la Vulgate latine, l’idée de retirer à Judas cet éloge pour en faire graduellement l’expression d’un principe général, et comme d’une règle de foi divine, concernant la prière pour les défunts. Ainsi, après Leg 1 (Bible de la cathédrale de Léon) — témoin encore du grec traditionnel, bien que déjà affaibli parce que lucianique : Sancta ergo et salubri cogitatione pro defunctis exorabat — nous trouvons, entre autres et successivement, Amialinus : sancta ergo et salubris cogitalio pro defunctis exorare,

ut a peccato solverentur ; Ose. (Bible de Huesca) : (l re main)… ut a peccaf/'s solvan/ur ; textes du xme siècle et Vulgate actuelle : Sancta ergo et salubris est cogitalio pro defunctis exorare, ut a peccalis solvantur. La raison de la prière sacrificielle n’est plus en première ligne la grâce de la résurrection, èupXéTCtov… eù^apiffr^piov… ; 80ev… tov £ÇiXao*u.6v è— otr.aaTo, mais la rémission du péché, sancta ergo.., ut a peccato. Les morts ne sont plus ces morts d’Odollam, pro mortuis n.us, mais les défunts en général, pro defunctis. Le péché commis, qu’il faut expier, n’est plus le péché des emblèmes idolâtriques portés par les soldats morts, a peccato, mais les péchés, a peccalis. Ce n’est plus Judas qui prie, ou fait prier i'.O.. kr.'ji.'r^v-'j, exorabat, mais c’est chacun qui fait bien de prier, exorare…

Texte Grec (édition Swete), II Mac, xii, 43 b… 7Tpo ; aYayeîv : rspi àu.apTla< ; Ooalav. 7ràvu xaXûç xai àçjTî'.ooç 7rpàxTtov, ùnkp àvaaTàaîoj ; àvaXoyiÇàfievoi ;.

44 si p.7] yàp toùç repose— tcûx6toç àvaaTÎjvai jrpoçe86xx, irepiacôv xai XvjpwSsç ôîtèp vsxpwv eûyeaOat.

45 zl-z £ ; j.6àï-cov toïç uxt' s’jgz&zmç xoiu.a>u.évoiç jtàXXiaTov àTCOxeî ; j.evov sùyaptaTrjp'.ov — ôerîa xai £'jejsor ; ç 7) È7tîvo !.a — ÔŒv jrepl tojv tsOvTjXÔtwv t6m è5tXa(j ; i.àv £7to17jct « to, tîjç àu.apTÎacç (X7roXu9TJvai.

Compl. 1 (édition S. Berger) 43 b… offerri pro peccato sacrificium. Bene enim cogitabat maccabeus de resurrectione mortuorum illorum. 44 nese mi qui ceciderant resurgere non credidissent, (ici un doublet) exabundanti et vanum pro mortuis orare 45 considérons si et pro illis qui bene cum pietate domint requieberunt obtimam aput domtnum habext gratiam. 46 sancta et salubris excogitatio. Ideoque exorabat pro mortuis illis qui peccaberant ut a peccato solverentur.

Vulgate (édition Hetzenauer), 43 b… offerri pro peccatis mortuorum sacrificium, bene et religiose de resurrectione cogitans 44 (nisi enim eos, qui ceciderant resurrecturos speraret, super fluum videretur et vanum orare pro mortuis) 45 et quia considerabat quod hi, qui cum pietate dormitionem acceperant, optimam haberent repositam gratiam, 46 Sancta ergo, et salubris est cogitalio pro defunctis exorare, ut a peccatis solvantur.

Les Pères n’ont guère fait allusion à ce texte en faveur de la doctrine de la prière pour les morts. Saint Éphrem dans son testament, dans Assémani, Bibliotheca orientalis, t. i, p. 143, reste dans la tradition du grec, ne concluant à la valeur expiatoire, pour les défunts, des oblations de la loi nouvelle que par un a fortiori : Si filii Mathathiæ, qui tantum in figura celebrabant festa et commemoraliones, quemadmodum legistis in Scripluris, oblationibus expiabant débita eorum qui in bello ceciderant.., quanto magis sacerdotes FiliiDei expiabant débita defunctorumoblationibussuis.

— Saint Augustin, De cura pro mortuis gerenda, i, 3, P. L., t. xl, col. 593, généralise conformément aux textes latins : In Machabxorum libris legimus oblatum pro mortuis sacrificium. Pour légitimer la « coutume » de prier pour les morts, il s’en remet toutefois à la « grande autorité de l'Église » recevable même à défaut de texte scriptuairee : sed et si nusquam in Scripturis veteribus omnino legeretur, non parva est univers*' Ecclesiæ quæ in hac consuetudine claret auctoritas, ubi in precibus saccrdolis quæ Domino Deo ad ejus allare funduntur, locum suum habet etiam commendatio mortuorum. Saint Jean Damascène, Orat. de his qui in fide dormierunt, 3, P. G., t. xcv, col. 249, reporte aussi sur Judas Machabée la louange de l'Écriture : « Il agit, dans la circonstance avec beaucoup de piété et de charité, aussi est-il entre tout célébré à cause de cela par l'Écriture, èv iraat., xai èv toùtco zzQxviiia-x'..

— Le 44e discours Ad fratres in eremo (collection de Jordan de Saxe, xiv c siècle), P.L., t. xl, col. 1320, met